Obsession qui persiste à chercher ce que l’homme peut avoir au fond des entrailles, juste en-dessous du cœur.
Il est intéressant de marcher une fois dans la merde pour en connaître l’odeur. Il est maladif de passer sa vie à la dépiauter avec les doigts.
Tu confonds avec la gastro-enterologie peut-être.
Héhé. C’est vrai, ça peut faire pour les deux.
Je ne partage pas ton point de vue. Je ne pense pas qu’essayer de comprendre le comportement de l’homme, et son « coeur » justement, puisse être assimilé à marcher dans la merde. Je pense qu’il s’agit juste de marcher dans l’humain. Et éventuellement essayer de mieux vivre en étudiant notre rapport au monde.
Je comprends bien. Ce que je veux dire, c’est justement qu’à trop s’analyser, à trop chercher à comprendre, on ne vit plus au sens premier. Pour vivre, on a besoin de se laisser aller, de s’accepter, d’accepter de ne pas tout comprendre, de ne pas tout maîtriser. La vocation de l’homme n’est pas d’être savant de lui-même. Il a aussi besoin d’instinct et d’animalité. Thomas Bernhard traduit cela par une belle comparaison dans un de ses romans, en disant qu’à réfléchir à sa façon de marcher, il se perd et n’arrive plus à mettre un pied devant l’autre naturellement. De la même façon, à réfléchir à sa façon d’être et de penser, il devient impossible de vivre.
Le cas du coup de foudre que tu évoquais en est un bon exemple. Savoir que l’on a tendance a projeter sur un pauvre humain tout le poids d’un idéal fantasmé parce qu’il a eu le malheur de coincider avec ce modèle d’une façon ou d’une autre, ça nous permet de prendre du recul, et sans doute de moins souffrir quand on réalise que cet idéal n’existe que dans notre tête, et que l’autre est ce qu’il est.
Ah, je te comprends et je te suis aussi en partie 🙂 Je suis amateur de la lucidité au laser de Bernhard, meme si je trouve qu’il exagere beaucoup, comme le père Cioran, et qu’il faut faire le tri. Ca rejoint la phrase de Paul Valéry, « parfois je pense, parfois je suis ». Je suis d’accord sur le fait qu’on ne peut pas vivre en analysant a chaque instant comme une machine les moindres arcanes de notre comportement et de nos émotions. D’abord parce que, comme tu le dis, ça nous empeche de vivre les choses pleinement, et ça nous force a les vivre a travers un filtre, ensuite, tout simplement parce que dans ce domaine, il y a beaucoup de théories, et on peut par conséquent on se peut se retrouver avec une grille de lecture erronée, ou obsolète, comme ce fut le cas des behavioristes qui pendant les années qui ont suivi la découverte du conditionnement étaient persuadés que tout l’humain pouvait s’expliquer par des mécanismes d’action réaction, façon Pavlov. Mais je pense que la psychologie moderne, et notamment les thérapies comportementales et cognitives, ont mis le doigt sur un certain nombre de phénomènes dont nous pouvons tous faire l’experience avec notre entourage et nous même. Il s’agit d’etre conscient de pièges de pensée à éviter, j’en avais mis quelques uns ici : http://www.axolot.info/?p=540
Pour reprendre un exemple concret, face a une tireuse de carte qui lit en toi de façon troublante, connaitre l’effet forer permet d’eviter un piège psychologique. Ici, l’interet est direct. Pareil pour la dissonance cognitive par exemple, accepter que la réalité peut etre différente de l’idée que nous en avons peut nous aider a mieux réagir.
PS : si tu regardes Big bang theory, la mere de Leonard est un exemple parfait du robot qui s’auto analyse, et qui oublie de vivre 🙂
Pour faire une autre analogie, qui se rapproche de celle de Bernhard, on ne peut pas penser en permanence a la fonction dont fonctionne note corps, les échanges electrochimiques de notre cerveau, le sang qui irrigue nos organes, notre estomac qui digère, etc. Mais connaitre ce fonctionnement, et s’en servir pour moins souffrir quand c’est utile, ça devient de la medecine. Je vois la psychologie de cette façon. Je suis curieux tout court des raisons de mon comportement et de celui des autres, mais je veux avant tout essayer de mettre a profit ces connaissances pour essayer de mieux vivre.
(pardon de troller un peu tes coms)
Ah non, pas du tout, au contraire ! Voici un bel enrichissement. Je suis moi-même assez curieux des théories cognitives et des comportements, et la mise en garde de mon article s’adresse avant tout à moi, plutôt enclin à en abuser !
A la lumière de ce que tu dis, mon opinion serait alors que la psychologie est bonne tant qu’on la considère comme une médecine, destinée à guérir un mal précis. Le discours des professionnels est pourtant de dire qu’ils ne « guérissent » pas les gens mais les accompagnent dans une réflexion sur eux-mêmes, que ce n’est pas une « maladie », que tout le monde pourrait venir faire une thérapie, etc. Je comprends le besoin de dédramatiser. Mais ce discours peut aussi pousser les gens à s’observer comme un être torturé et bizarroïde, à se contempler et à s’inventer des problèmes au lieu de vivre.
La psychologie présente un risque particulier parce qu’elle s’applique plus facilement au quotidien que les autres sciences biologiques que tu cites.