Entre maquis et insouciance

Trouvé dans un vieux tiroir, un bulletin parisien de 1942 s’adressant aux Français occupés. On y développe une position intéressante, à la fois réaliste et mesurée. Sans appeler à la résistance, on demande un minimum de dignité face à l’occupant : trouver une voie entre maquis et insouciance, « vivre avec » tout en restant dans l’espérance de la Libération. Position intéressante, dans une période qui pose inévitablement la question : « et moi, qu’aurais-je fait ? ».

La plupart des gens s’imaginent bien entendu qu’ils auraient fait sauter des trains, ou craché à la face de l’Allemand sans-gêne et grossier. Le bulletin semble pourtant témoigner qu’en réalité, l’occupant put s’indigner de la facilité avec laquelle certains Français se remettaient de leur tragédie nationale. Entre autres illustrations, il pointe l’indécence de personnalités comme Céline, qui n’ont pas attendu d’avoir beaucoup de recul pour ricaner de la débâcle de l’armée française en 1940. L’attitude de Céline pendant la guerre n’est pas une découverte, mais sa promptitude à faire du spectacle avec des événements tragiques ne finit pas d’étonner. Céline a non seulement tiré des articles moqueurs de la débâcle française, mais il a aussi mis en scène sa fuite navrante en 1944-1945 – cloîtré en Allemagne avec les vichystes les plus renommés – dans un roman truculent comme il sait les faire. A aucun moment il n’a eu le sentiment que peut-être il était bon de se taire. Que peut-être il y avait un mur contre lequel son groin pouvait s’écraser…

Le bulletin de 1942 montre ainsi cet artiste, aujourd’hui jugé audacieux et novateur, sous le jour d’un merdeux petit cynique qui ne faisait que se rendre intéressant par tous les moyens. Et ne nous illusionnons pas, rien ne serait très différent aujourd’hui. On imagine aisément nos trublions contemporains dans le même rôle : au lendemain d’une défaite nationale, un Stéphane Guillon ou n’importe quel humoriste irrévérencieux y aller de sa petite chronique mordante, de son billet acerbe sur cette France de losers, sur notre belle armée, sur nos gouvernants, ces gogos, qui n’ont rien vu venir ! Il serait plus probable de les voir tomber dans ce travers que d’abandonner le micro, rejoindre les Glières et vivre en clandestin.

Et je ne leur en veux pas du tout ! J’aurais beau jeu de les juger, moi qui suis un réservé, un mitigé, un distant, un sang-froid, moi qui en toute vraisemblance aurais continué à aller bosser tous les jours en évitant de poser trop de questions… Nous avons tous beau jeu de juger car personne ne peut savoir ce qu’il aurait fait. Ceux qui disent le contraire ne sont pas honnêtes envers eux-mêmes ou manquent d’humilité. Et j’ai suffisamment constaté que les rebelles les plus visibles et les plus déclarés sont les premiers à se débiner le moment venu.

Car « perdre la guerre », ce n’était pas qu’un mot, c’était une réalité : vous avez perdu et le vainqueur vous envahit, vous n’avez plus les moyens de lui résister. « Vivre sous l’Occupation » n’était pas non plus qu’un mot. Cela veut dire que les nazis sont là mais que votre famille aussi : il vous faut la nourrir ou tout simplement la garder. Aussi triste que ce soit, le plus naturel était de collaborer, passivement s’entend, c’est-à-dire de poursuivre sa vie. Résister était l’option du fou et du héros. Des gens « normaux », il ne fallait guère exiger plus que de la tenue : « vivre avec » sans cesser d’espérer la Libération. Vivre, entre maquis et insouciance.

17 réflexions au sujet de “Entre maquis et insouciance”

  1. Il est rare (voir courageux) d’avouer qu’on aurait pas eu le courage de résister. Ça me rappelle une interview de JJ Goldmann qui disait trouver obscène la chanson de Brassens « Mourir pour des idées »…

  2. Le courage de ne pas avoir eu le courage… Heureusement quand même qu’il y a eu aussi des courageux avec du courage, capable de prendre les armes !
    Quant à Goldman, voilà qu’il descend encore d’une marche dans mon estime, ce que je ne pensais guère possible !

  3. Ton « désolé » me fait soudain douter si j’ai bien compris ce que tu voulais dire. Cette chanson de Brassens ne le range-t-elle pas parmi ceux qui s’avouent incapables d’héroïsme ? (donc JJ parmi ceux qui présupposent qu’eux-mêmes se seraient révoltés et mis du côté des bons ?)

  4. Pour le coup on s’était bien compris ! J’étais juste désolé de mettre un coup dans l’aile de plus à ce pauvre JJ qui n’en avait apparemment pas besoin.

  5. J’ai trop de problèmes avec mes voisins et mes collègues.
    J’aurais résolu çà en les dénonçant à la gestapo.
    Une revanche, en quelque sorte.

  6. Je connais mal Céline, mais je suis frappé par la propension de « notre camp » (les réactionnaires, l’extrême-droite) à se réjouir des malheurs de leur pays. Il y a le même ressentiment, le même désir de vengeance, la même joie mauvaise à voir « punir » des gens qu’ils n’aiment pas — leurs compatriotes.

    Les Français ne se font jamais davantage traiter de « veaux », de « connards » que sur les sites « patriotes ». La fascination pour Poutine dégouline de haine pour la France, elle saute de joie à chaque fois que la France subit des revers, vite transformés en « humiliation » par les poutinistes auquel cela semble faire un immense plaisir.

    Oui, vraiment, il y a de nombreux parallèle avec l’Occupation et la collaboration. Les gauchistes, qui ont longtemps brandi l’accusation ridicule de nazisme et de pétainisme envers le Front national, vont peut-être finir par avoir raison. D’une façon perverse.

    1. Dois-je me sentir inclus dans le « notre camp » ? En tout cas je pense que sous l’engouement pour Poutine peut se trouver autre chose que de la haine ou même de la fascination. Il peut s’agir simplement de plaisir à voir à l’œuvre un responsable politique qui agit ou semble agir dans le sens de l’intérêt de son pays.

      1. Il me semblait que vous vous situiez vous-même parmi les réactionnaires. Me suis-je trompé ? Je n’ai pas dit que vous faisiez partie de ceux qui se réjouissaient du malheur de leur pays.

        Concernant Poutine, l’un des motifs déclarées du soutien qui lui est apporté à l’Ouest est, en effet, l’admiration envers un dirigeant qui agirait dans l’intérêt de son pays.

        Le problème est que a) Poutine n’agit pas dans l’intérêt de son pays, b) les intérêts qu’il défend dans sa politique extérieure vont à l’encontre de ceux des pays occidentaux.

        Hitler et Staline aussi « agissaient dans l’intérêt de leur pays », si l’on entend par là, comme le font les poutinistes occidentaux et particulièrement les français, développer une politique militariste agressive, impérialiste et hostile à l’Europe et aux Etats-Unis.

        Donc, voyez-vous, je ne crois pas une minute à une admiration désintéressée pour Poutine par des gens qui se seraient pris d’un intérêt altruiste et subit pour le peuple russe.

        Pour commencer, afin de valider une telle hypothèse, il faudrait que les pro-Poutine aient une minimum de connaissance du sort réel du peuple russe, de son histoire, de ce qu’est réellement la Russie, de ce que veut vraiment dire vivre dans ce pays. Et pas seulement à Moscou ou Saint-Pétersbourg, là ou vivent la totalité des agents d’influence expatriés payés d’une manière ou d’une autre par le Kremlin, et qui font figure d’experts français sur ce pays, style Xavier Moreau.

  7. Va pour réac mais je suis trop flegmatique pour me sentir extrême de quoi que ce soit.
    Sur Poutine je crois que nous avons déjà échoué à tenter de tomber d’accord donc je ne m’étendrai pas trop. Mais si l’on parle de la Syrie, ses raisons de s’impliquer sont bêtement géopolitiques et à ce titre infiniment plus limpides que les nôtres. Ce qui ne veut pas dire qu’on doive y consentir, mais oui : elles servent l’intérêt militaire direct de son pays, et elles sont défensives si l’on considère qu’elles se font en réaction à une déstabilisation d’un ordre préexistant.
    Enfin, pourquoi accoler les intérêts de l’Europe et des États-Unis comme si cela coulait de source ? Il est aisé de voir que le chaos au Moyen Orient ne représente absolument pas le même risque pour les uns que pour les autres.

    1. Mais je ne parle pas que de la Syrie. En Syrie, la France a sans doute des intérêts communs avec la Russie, de façon temporaire et discriminante : il n’est pas dans notre intérêt de favoriser de façon perpétuelle et sans restriction la puissance de l’Iran, l’un des principaux organisateurs du terrorisme islamique international, on a un peu trop tendance à l’oublier.

      Je parle de la Géorgie, de l’Ukraine, de la Biélorussie, de la Pologne, de l’Estonie, de la Lituanie, de la Lettonie, de la Suède, du Danemark, de la Finlande, de la France, de la Grande-Bretagne, du Portugal, etc, etc. Et des Etats-Unis, bien entendu.

      Tous pays qui ont été et sont encore menacés militairement, de façon très concrète par la Russie — je ne m’étendrai pas sur les détails, je l’ai déjà fait amplement ailleurs, les informations sont sur la place publique.

      Quant au chaos au Moyen-Orient, on ne peut pas, à la fois, prétendre que « les Etats-Unis foutent le bordel dans le monde entier pour le pétrole », et que « Le Moyen-Orient présente un risque pour l’Europe mais pas pour l’Amérique ». C’est un ambassadeur américain qui a été assassiné en Libye par des insurgés islamistes (et, je crois, sodomisé) suite à la spectaculaire négligence du secrétaire d’Etat Hillary Clinton et du président Obama.

      L’invasion migratoire des « réfugiés » « syriens » menace tout autant les Etats-Unis que l’Europe, certes les Etats-Unis sont plus loin, mais Obama ouvre le robinet des « réfugiés » avec la même complaisance coupable que les dirigeants européens, et cela suscite au sein du peuple américain la même révolte que chez les peuples européens.

      Et n’oublions pas les immigrés illégaux musulmans, voire islamistes, venus du Moyen-Orient, qui entrent aux Etats-Unis par… la frontière mexicaine, chose que les Français ignorent à peu près totalement.

      La stratégie actuelle de la Russie consiste justement à faire oublier l’Ukraine et tout le reste en mettant en avant le risque syrien, et ça a l’air de marcher auprès de l’opinion et d’une partie de la classe politique (Sarkozy, etc), la preuve.

  8. Quant aux intérêts des Etats-Unis qui ne seraient pas ceux de l’Europe actuellement, voyez le nombre de fois où les médias annoncent que des attentats islamistes ont été déjoués, ou des terroristes putatifs repérés, « grâce aux informations fournies par les services de renseignement d’une autre puissance ».

    Cette autre puissance, c’est, la plupart du temps, les Etats-Unis, qui possèdent le meilleur service d’espionnage électronique du monde, et de loin. Or, 80 % des attentats islamistes déjoués dernièrement aux Etats-Unis l’ont été grâce à l’espionnage électronique, et non grâce à l’espionnage humain. Il n’y a pas de raison que ce pourcentage soit très différent en Europe.

    Ce n’est pas un hasard, d’ailleurs, si l’affaire Snowden a fait tant de bruit en Europe. Snowden qui, quoi qu’on pense des dérives de l’espionnage généralisé des citoyens, est, objectivement et dans les faits, un espion russe, puisqu’il s’est « réfugié » en Russie. Contrairement à ce qu’il prétend, il est impossible à 100 % que le Kremlin l’ait autorisé à s’installer en Russie sans qu’il fournisse les secrets militaires qu’il a volés aux Etats-Unis. C’est un beau conte de fées, mais le monde de l’espionnage ne fonctionne pas comme ça.

    De l’aveu même des espions américains, l’affaire Snowden est le plus grave coup porté au renseignement américain depuis très longtemps, et peut-être depuis toujours.

    Elle a privé les Etats-Unis, et donc le monde et la France en particulier, d’une partie importante des moyens de surveillance qu’ils avaient sur les terroristes islamiques. Des agents de puissances amies, peut-être des agents français, sont morts à travers le monde entier à cause de la trahison de Snowden.

    L’exploitation médiatique mondiale de Snowden en tant que « chevalier blanc » est, très probablement, une magistrale réussite du SVR russe, après d’innombrables manipulations semblables perpétrées par le KGB dont il est le successeur.

    1. Ce n’est pas une surprise mais nous ne sommes absolument pas d’accord. Votre conviction d’une menace d’agression russe, tout comme votre foi dans le parrainage bienveillant des États-Unis à qui l’on ferait bien mieux de s’en remettre totalement me semblent complètement anachroniques et je ne comprends pas d’où vous les tirez.

      Sur l’affaire Snowden : trouvez-vous qu’elle ait tant « fait de bruit » que cela ? Il y avait pourtant de quoi, sans besoin de « manipulation » ni « d’exploitation » par quelque service secret que ce soit : il s’agit de la découverte que votre grand allié espionne l’ensemble de vos citoyens en temps de paix, en vertu d’un contrat passé avec son industrie informatique privée. En d’autres temps ce pourrait être un motif de guerre ou a minima de glaciation diplomatique. Que s’est-il passé au lieu de cela ? Quelles sont les conséquences néfastes de cette révélation sur le cours des choses ? Nulles.

      Je ne pense pas que nous ayons forcément des intérêts communs avec la Russie, pas même en Syrie, je dis simplement que les actions russes découlent de la sauvegarde d’un intérêt national bien entendu et que c’est ce simple fait qui peut être apprécié, à un moment où la France agit depuis des années à contresens de son intérêt dans ce conflit, téléguidée par l’intérêt atlantiste.

      l’Iran, l’un des principaux organisateurs du terrorisme islamique international => là pour le coup, c’est en toute bonne foi que je demande vos lumières, car j’ai au contraire compris que le djihadisme terroriste était un produit exclusivement sunnite.

      1. L’Iran terroriste :

        – Invasion de l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran, occupation et prise d’otages.

        – Attentat contre des intérêts juifs en Argentine (95 morts).

        – Attentat anti-israélien contre un autobus en Bulgarie.

        – Implantation d’une forte base terroriste en Bosnie « à deux heures d’avion de Paris » (en effet, personne n’est au courant en France, personne n’en parle et tout le monde s’en fout).

        http://20committee.com/2014/10/24/irans-secret-new-balkan-spy-terror-offensive/

        http://20committee.com/2013/04/13/how-iranian-intelligence-trained-bosnian-terrorists/

        http://20committee.com/2012/11/04/uncovering-irans-espionage-terror-apparatus-in-the-balkans/

        http://20committee.com/2015/12/22/operation-cut-bosnia-versus-the-islamic-state/

        – Et bien d’autres activités terroristes dans des « pays de merde » fort éloignés du 10e arrondissement de Paris (donc ils n’existent pas) :

        https://en.wikipedia.org/wiki/Iran_and_state-sponsored_terrorism

        – Le Hezbollah, armée iranienne implantée à l’étranger, est une organisation terroriste. Elle a exécuté et même revendiqué différents attentats à travers le monde.

        Les réseaux pro-russes à Paris font très bien leur travail, et en effet, tout le monde croit savoir que le terrorisme musulman est exclusivement sunnite.

        Syrie :

        Si vous ne pensez pas que nous ayons des intérêts communs avec la Russie sur ce dossier (ce qui est mon cas), alors je vois mal où vous voulez en venir. La Russie défend ses intérêts ? L’Allemagne nazie aussi défendait ses intérêts ! Que peut bien vouloir dire cette antienne qui tourne en boucle, sinon : tous les pays défendent leur intérêt, ou ce qu’ils croient être leur intérêt, ce qui est un truisme et ne veut rien dire ; ou alors, ce qu’on admire dans la Russie ce n’est pas la « défense de ses intérêts » : c’est l’impérialisme, c’est l’agressivité militariste, c’est l’expansionnisme colonial, c’est le fait d’envahir et d’annexer des pays pacifiques en violation du droit international ; et c’est le fait pour le Kremlin, en interne, de s’assoir sur le droit (le droit russe) et de museler ses opposants.

        Bref, c’est l’éternelle fascination française pour « l’homme fort », le type qui va enfin venir poser ses couilles sur la table et régler les problèmes, sans s’embarrasser de considérations de tarlouzes telles que les droits de l’homme ou la démocratie.

        La Pologne aussi, défend ses intérêts, et pourtant je n’entends aucun Français baver d’admiration devant le président polonais dont personne ne connaît le nom — moi pas davantage que d’autres. Serait-ce parce que la Pologne n’est pas un régime autoritaire, parce que c’est un Etat de droit, parce qu’il n’y a pas de culte du chef en Pologne, parce que la Pologne ne menace personne mais ne fait que se défendre, et parce que la Pologne est… un adversaire de la Russie ?

        Je n’ai pas la « conviction d’une menace d’agression russe », ce sont des faits. Quant les autorités russes menacent des pays européens, ou les Etats-Unis, d’invasion militaire, et même d’attaque nucléaire, quand ils saturent le ciel européen avec des avions de combat qui mènent des manoeuvres d’intimidation agressives et dangereuses sans plan de vol et transpondeur éteint, quand ils frôlent à quelques dizaines de mètres les avions de chasse des pays ainsi agressés qui sont dépêchés pour défendre leur espace aérien, quand ils manquent à plusieurs reprises de rentrer en collision avec des avions de ligne, quand des pays européens sont contraints de suspendre leurs liaisons aériennes civiles en raison de ces agissements, ce n’est pas une conviction, ce n’est pas une menace, c’est une agression militaire.

        Quant la Russie enlève un policier estonien en territoire estonien pour le mettre en prison à Mosou sous des prétextes fabriqués, c’est un acte de guerre contre un pays indépendant, pacifique, européen, membre de l’Union européenne et membre de l’OTAN. Donc notre allié, je vous le signale.

        Quand les services secrets russes capturent et torturent pendant deux jours, à Strasbourg, en territoire français jusqu’à nouvel ordre, un réfugié politique étranger que la France a accueilli sur son sol, qui a eu le front de dire en public des choses peu aimables pour Monsieur Poutine, c’est un acte de guerre, figurez-vous. Je parie que vous n’étiez même pas au courant, et vous auriez des excuses : les médias français se sont bien gardés de le crier sur les toits, alors que cela aurait dû faire les gros titres pendant une semaine.

        Si la France « défendait vraiment ses intérêts », après un tel acte, elle aurait capturé deux ou trois espions russes de sa connaissance, et leur aurait infligé, en toute discrétion, quelques dommages physiques dont ils garderaient des séquelles toute leur vie. Mais je suppose que ce n’est pas ce que les poutinistes ont en tête, lorsqu’ils prétendent vouloir émuler la supposée capacité de Poutine à « défendre les intérêts de la Russie », et même son côté voyou, homme fort qui n’hésite pas à employer des méthodes inorthodoxes.

        Les Etats-Unis ne sont pas « mon grand allié », ils sont l’allié de la France depuis la Libération et même bien avant, que vous le vouliez ou non. Nous faisons partie de l’OTAN, les Etats-Unis font partie de l’OTAN. C’est marrant que les russophiles se targuent de pragmatisme, de « respecter les situations établies », les « pouvoirs en place », mais qu’ils oublient un fait aussi éminent et incontournable que celui-là. Même Mitterrand, avec son gouvernement de communistes, n’est pas sorti de l’OTAN.

        En revanche, ce qui est certain, c’est que l’objectif de la propagande russe est de séparer l’Europe de l’OTAN. Ca, ça arrangerait beaucoup les « intérêts russes ». Ceux de la France, ça reste à démontrer. Mais je vois bien en quoi le fait de défendre les intérêts russes à Paris sert les intérêts financiers personnels de Marine le Pen, de Thierry Mariani, de feu Christophe de Margerie, PDG de Total et habitué des raouts parisiens « d’amitié franco-russe », et de bien d’autres.

        Concernant l’espionnage américain, vous êtes bien naïf. Le bon peuple s’indigne que « la CIA » espionne les Français, mais il oublie que ses propres services secrets à lui espionnent également tout le monde, et en particulier les Américains. Les Français se sont indignés que les conversations de leur président soient écoutées, mais les services secrets français ont espionné les conversations téléphoniques de Barack Obama. Les services secrets français font de l’espionnage économique, tout comme leurs homologues américains, chinois ou russes. Les grands patrons américains font très attention à ne pas laisser traîner leur ordinateur portable, quand ils viennent en France…

        C’est pour cela qu’il n’y a pas eu de « conséquences néfastes sur le cours des choses », comme vous dites. Parce que les autorités françaises savent très bien que les autorités américaines savent très bien ce que font les autorités françaises, et vice-versa. Les services français ne sont pas mauvais du tout. Ils se défendent très bien. Leurs homologues américains les considèrent comme des adversaires et des alliés tout à fait honorables et plus que compétitifs.

        Je suis le premier à m’inquiéter de la surveillance généralisée des citoyens par voie électronique, mais pour l’instant, c’est l’espionnage électronique qui a permis d’intercepter la plupart des projets terroristes qui ont été empêchés à travers le monde. Cela aussi c’est un fait, pas une « conviction ».

  9. Quelle est la mission de l’OTAN selon vous ? Et comment pouvez-vous avoir la sensation que « les réseaux russes » sont présents et diffusent leur influence alors que ces dernières années ont montré un acharnement inverse et parfois ridicule à décrédibiliser tout ce qui était russe ? (certes, cela a tout récemment changé et il a fallu pour cela que la situation nous a pète au nez, mais ce ne sera sans doute que passager).

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