5 réflexions au sujet de “« Le renoncement aux rêves »”

  1. J’entends souvent dire que les rêveurs sont bien braves, qu’ils sont idéalistes, qu’ils n’ont pas les pieds sur terre, qu’ils « planent », qu’ils sont dans la lune etc. et que la « réalité » les rattrapera tôt ou tard.
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    J’ai entendu une fois que les rêveurs, quand ils ne restent que des rêveurs, sont des allégories vivantes de la frustration et du renoncement…
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    …à leur accomplissement.
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    Et que donc les rêves donnent du travail : les rêveurs qui prennent leurs rêves au sérieux sont des bosseurs de OUF comme diraient les jeunes du Lycée où je travaille (je le dis aussi).
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    Et j’ai ai envie de comprendre cette citation de Richard Millet comme ceci : rêver au renoncement de nos rêves, c’est baisser les bras devant le travail, les efforts, la créativité etc. qu’ils nous poussent à sortir de nous-mêmes.
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    Et souhaiter baisser les bras devant çà, c’est effectivement mauvais, terrible.

  2. Je ne me souviens plus exactement du contexte de la phrase, mais je l’avais notée et comprise comme l’impossibilité même de dépasser le stade des illusions. Ceux qui se targuent de réalisme, qui se croient mûrs, vaccinés contre la désillusion, qui croient qu’ils sont débarassés de toute illusion sur eux-mêmes… Cela est encore une utopie, et de la plus grande naïveté !
    C’est « le rêve le plus mauvais » parce que, supprimant le rôle de moteur du rêve (dont tu parles), il ne prémunit nullement la personne contre la désillusion, contre le risque de se prendre un mur dans la gueule, mais seulement contre le risque de vivre sa vie.

  3. Je ne suis pas allée vérifier, mais en relisant R.Millet, j’ai le sentiment que je n’avais pas fait attention au sens qu’il donne au mot « rêve » : puisque le renoncement aux rêves est ENCORE un rêve, c’est qu’un rêve est dénué de consistance. On dirait qu’il tenait un discours sur les illusions, sur la perception de la réalité qu’on a suite à sa construction par nos soin. Et que donc, il faisait l’inventaire des échappées possibles – et heureuses, dignes d’être choisies – à cet état d’illusion (ou de « rêvasseries stériles » je ne sais).
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    Une échappée possible serait de renoncer aux illusions, aux rêves. Si jamais ces deux termes sont synonymes dans le lexique de R. Millet.
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    Et là encore, on retombe dans le rêve, dans l’illusion. D’optique.
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    Compliqué pour moi d’autant plus que je tiens un discours allant de le sens de l’accomplissement de soi, dans le sens du/des rêve(s) qui nourrissent notre imaginaire.
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    Au contact de jeunes toute la journée, et émerveillée de leur énergie, de la Vie qui les habitent, de cette force de destruction pour construire…mais aussi confrontée à leur désillusion face à la réalité qu’on leur propose et leur enseigne…j’ai envie de les voir saccager leur établissement, de prendre la clé des champs, de tout casser, j’ai besoin d’eux, de leur colère, de leur foi en leur jeunesse.
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    Je me souviens d’une période de ma vie où les paroles d’un morceau étrange de Peter Gabriel me sont restées car elles décrivaient un processus qui me semblait pertinent.
    Je cite :
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    “From the pain come the dream
    From the dream come the vision
    From the vision come the people
    From the people come the power
    From this power come the change”
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    Morceau : Fourteen Black Paintings
    Album : Us
    Année : 1992
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    J’ai jamais oublié çà, cette progression et cette douleur.
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    Wordpress est le fruit d’une idée, née d’un manque certainement. Puis nous voici en train d’utiliser cet outil qui a été forgé dans ce manque.
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    Les pires rêveurs sont ceux qui ne restent que des rêveurs.
    Non ?

  4. Ca m’evoque cette pensée de Paul Watzlawick:

    « Celui qui cherche un sens dans cette vie remet tout en cause, tout, sauf sa quête elle-même. »

    Pour Watzlawick, il faudrait pouvoir faire un pas de plus, et se débarrasser de l’illusion du sens. Apparement, pour Milet, se débarrasser de l’illusion est encore une illusion 🙂

  5. J’essaie de répondre à vous 2 en même temps, mais justement, Vitally, pour Millet « renoncer à l’illusion » n’est PAS une échappée possible. Pour faire le lien avec la phrase de Watzlawick, je pense que cela veut dire, pour Millet, que la quête d’un sens de la vie est indépassable, que nous sommes en quelque sorte « condamnés » à rechercher ce sens, et donc à prendre des vessies pour des lanternes. Il est illusoire de se croire « blasé » ou de croire qu’on peut être au-delà de ça. Puisque qu’on est bernés de toute façon, puisqu’on ne peut pas sortir de ce jeu, de cette quête, autant le jouer, autant rêver, puisque « ne pas rêver » est encore un rêve.
    Mouais.

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