Bonne petite claque l’autre jour en regardant Un mauvais fils, de Claude Sautet.
Cela me fait réaliser que j’ai toujours une tendresse particulière pour les films français des années 70. Sans trop pouvoir dire pourquoi, j’imagine une sorte de douceur de vivre pour cette période en France, d’authenticité, « d’état de grâce » qui dure et se rompt au début des années 80…
C’est curieux de se sentir nostalgique d’une époque que l’on n’a pas connue. Un ami né en 1959 me dit que lui, ce sont les années 50 qui le font rêver ! Est-ce que tout le monde a cette sensation que « l’âge d’or », c’est celui juste avant qu’il vienne au monde ?
C’est bien possible : que l’on soit ce genre de personnes surtout aptes à se lamenter, quelle que soit l’époque où elles vivent, qui se prennent à rêver du temps précédent. Celui qui est inaccessible… Un peu comme ce penchant qu’on peut avoir de s’intéresser à une femme seulement une fois qu’il est trop tard, qu’il n’y a plus aucune chance : qu’elle a dit non, qu’elle est amourachée d’un autre, ou qu’elle nous a fait part son départ prochain pour un autre continent !
« C’est toujours quand tu dors que j’ai envie de te parler… »
J’ai un peu le même truc. Ça me le fait tout particulièrement avec les Valseuses. Patrick Dewaere dans les deux, coïncidence? I THINK NOT
Pour ma part, je suis né en 1967 et les années 60 ne m’ont jamais fait rêver. Par contre, j’ai toujours eu le sentiment très clair que j’arrivais à chaque fois trop tard. Par exemple, en sortant de mon école d’ingénieur en 1991, on ne voulait plus de moi alors que rentrant trois auparavant les chasseurs de tête prenait déjà rendez-vous pour la sortie. Autre exemple, j’aurais aimé vivre à Hong Kong, littéralement parlant l’île aux parfums, mais depuis 5 ans, les parfums sont fréquemment chassés par les typhons et la pollution chinoise capture le soleil. C’est un sentiment bizarre que de constater que ce qui a été n’est plus, mais avec un tel point de vue on oublie de voir ce qui va mieux, les nouvelles opportunités. Bref, nous vivons dans un monde qui ne cherche que la croisance et qui n vit que des crises à répétition, il y a de quoi devenir nostalgique.
Même si j’aime beaucoup Dewaere, ce qui me plait dans ces films, c’est souvent l’arrière-plan : la rue, la ville, les gens, la campagne… Il y a une réalité sociale pregnante, une sorte de naturalisme qu’on ne retrouve plus après. Aujourd’hui, le social n’est plus palpable, ou alors on en fait le sujet même du film, et on recourt à des stéréotypes pour appuyer une thèse dans un sens ou dans l’autre. Les films à prétention sociale (type « Marius et Jeannette ») ressemblent à des fables, à des historiettes pour la télévision.
C’est peut être en ce sens que, comme vous le dites, bgn9000, ces films donnent à constater ce qui a été et qui n’est plus…
Si préférer « la femme du puisatier » à IronMan2 est un signe de nostalgie maladive, tant pis, j’assume.
Que traduit précisément le tempérament nostalgique ?
On ne le sait pas trop, une curiosité des origines, une envie de maîtriser ce qu’on n’a pas connu à défaut de maîtriser le présent ?
C’est doux d’être nostalgique je trouve et c’est vrai que certains films nous font trembler de souvenirs que l’on n’a pas ; agréable sensation d’un partage impossible.
Merci pour la découverte de cette chanson que je ne connaissais pas et qui est … désespérément belle …
La chanson est de Mano Solo (fils du dessinateur Cabu je crois bien), décédé il y a à peu près 1 an. De très beaux textes, pas très joyeux il est vrai !