Parmi mes amis de Facebook, je compte deux sœurs. L’une, qui n’a pas encore 30 ans, publie des photos de ses trois marmots. L’autre, son aînée, alterne les « j’aime » sur les photos de ses neveux et nièces et les messages répétés en faveur de l’avortement.
C’est ainsi que j’ai découvert via son dernier lien, le site d’un collectif qui milite pour un avortement sans peine, sans remords et sans question : « J’ai avorté et je vais bien, merci ». (Je vous invite à lire leur déclaration de principe et à admirer leurs beaux auto-collants dans la veine « l’avortement, rions-en »).
Bénis soient ceux qui jouissent d’une conscience si arrangeante. Pour ma part, l’avortement est un sujet sur lequel je n’ai jamais été capable d’arrêter mon opinion. Tantôt je pourrais chevaucher les concepts et les grands principes, et l’instant d’après être désarçonné par le récit sordide d’un cas particulier. Passez l’idéal à la machine… Le fait est que sur ce sujet si délicat, je ne suis pas suffisamment certain pour clamer quoi que ce soit, alors je préfère m’abstenir.
Je ne suis pas « anti », donc ; en revanche je trouve toujours déplacé l’enthousiasme des « pro ». Cette façon de chanter l’avortement, de dresser l’étendard, de le présenter comme un « acquis » formidable et un « droit sacré »… J’ai toujours été dérangé par cette façon de le célébrer, de le voir comme un progrès et un progrès seulement, une liberté et une liberté seulement… et pas du tout comme une chose triste et honteuse aussi, une défaite et une démission aussi.
Escamoter l’aspect tragique, grave et désastreux, c’est justement pour moi ce qui devrait annuler tout « droit à ». Le « droit », dans tout domaine, ne s’acquiert véritablement que lorsqu’on est suffisamment fort et responsable pour endosser la charge, toute la charge, boire la culpabilité jusqu’à la lie, lorsqu’on peut embrasser le tout et dire « je le prends pour moi ».
Je peux vivre dans une société avorteuse, mais pas dans une société inconséquente. Octroyons-nous la liberté de l’avortement, mais de grâce, sans gants, sans bandeau devant les yeux et sans sapin-qui-sent-bon. Exit le décorum « militant de la liberté » et le narcissisme qui s’y rattache. Regardons la chose en face et que notre conscience n’en reste pas immaculée. Ne nous amnistions pas de nous-mêmes, ne blanchissons pas notre responsabilité : nous tuons des bébés.
Grrrrr « Nous tuons des bébés ». L’existence tue bien plus de gens et de différentes manières. Pourquoi parle t on de responsabilité lorsqu’une personne ôte la vie et pas lorsqu’elle donne la vie ? Pourtant je crois savoir qu’il est plus dangereux pour une personne d’être en vie que d’être morte, où devrait être la responsabilité ?
Ce ne serait pas pro ou anti avortement que l’on devrait défendre mais l’idée de la « responsabilité », lorsqu’on ôte la vie ou lorsqu’on la donne, ne jamais perdre à l’esprit ces deux responsabilités.
Je ne comprends pas bien votre argument. Il y a en effet autant de responsabilité à donner la vie qu’à l’ôter, je ne dis pas le contraire.
Je partage. Un des problèmes de nos sociétés actuelles est de se simplifier la vie, bien ou mal.
L’avortement a sa raison d’être, mais ne doit pas devenir banal et doit être bien réfléchi.
Concernant le commentaire d’Anna, il est évident que la responsabilité associée à l’avortement n’enlève pas celle d’être parent, responsabilité elle aussi de plus en plus oubliée.
Faudrait-il un permis d’avorter et un permis d’être parent ? Pourquoi le peuple s’infantilise-t-il donc autant en perdant toute autonomie, et donc indirectement toute liberté ?
Non nous ne tuons pas des bébés:
Non, ce n’est pas avoir une conscience arrangeante (!!) d’être fier de pouvoir le faire (et peut être de l’avoir fait même si je prône un « gardons ce genre de trucs ultra personnels, personnels. ») Qui sait peut être même plus fier que d’être devenu parent? donner la vie est à la portée de n’importe quel imbécile, pas d’élever un enfant.
Oui c’est un échec, un échec de contraception, ce n’est pas honteux comme tu veux le dire, un oeil, c’est honteux de s’être loupé avec son corps d’un point de vue contraceptif.
C’est un acquis de la liberté et ce n’est que ça:
1- l’avortement a toujours excité depuis au moins le bas moyen âge, ça devait être un package… ça ne m’étonnerait pas que ça s’accompagnait d’une hystérectomie et ce dans le meilleur des cas.
2- la maîtrise de la grossesse, ha! la seule chose que les hommes ne peuvent pas faire, est, grâce à l’avortement, sous le pouvoir absolu de la femme.
vive l’avortement
(et embrasse ta soeur)
C’est vrai que tel que formulé, ça porte à confusion : ce sont 2 amies qui sont soeurs entre elles, mais ce ne sont pas mes soeurs !
Je pense que la critique porte plutôt sur le site et son positionnement « banalisation à outrance de l’avortement » et non sur l’avortement en lui-même.
Et là dans ce site il ne s’agit pas de fierté de « pouvoir » le faire, mais de fierté « de l’avoir fait, et d’en être heureux ». C’est un détail qui fait la différence.
Après je suppose que l’extrémisme des positions de ce site est certainement en partie conséquent de l’extrémisme des anti, mais ce n’est pas une raison suffisante…
Merci pour cette précision à Kahazara, qui reflète exactement mon propos. Ce qui me dérange, ce sont surtout le ton et les arguments fallacieux de ce site (je suis bien conscient que tous les « pro-IVG » ne sont pas si extrêmes et désinvoltes), qui au-delà de revendiquer le droit d’avorter, revendique celui de nier toute interrogation à son sujet. Si vous lisez dans le détail, l’acte d’avorter est ici volontairement tronqué et résumé à une histoire de « filles » qui veulent faire ce qu’elles veulent, contre les « garçons » (hommes, politiques, médias) qui font rien qu’à les embêter… La négation d’une tierce personne, fut-elle en gestation, est totale, l’embryon étant réduit à une partie du corps de la maman (« nous réclamons la liberté de faire ce que nous voulons de notre corps ») dont on revendique le droit de se débarrasser comme d’une appendicite. A quand le site en faveur de l’euthanasie de Grand-mère, mais sans demander sa permission ? Non parce qu’elle serait capable de discuter et de nous foutre le doute, la conne !
J’ai été doublée par ton commentaire Un oeil, j’avais lu celui de Utopievirtuelle, je m’étais dit « oui oui oui » et je reviens pour faire partager mon approbation, quand je vois ta réponse et je crie « non non non ». :o)
J’adhère au « détail qui fait la différence »: ok pour être fier de pouvoir recourir à l’avortement et ok pour que personne ne se vante de l’avoir fait, il n’y a pas de quoi en être fier, pour simplifier à outrance: on peut utiliser un blanco correcteur mais y’a rien de flatteur à l’avoir fait, écrire sans faute du premier coup c’est mieux.
Par contre, Un oeil, je crois qu’il n’y a en effet pas de tierce personne à considérer. Il y a un homme, qui a mon sens, n’a pas à dire, je vais revenir dessus et une femme qui dispose de son corps. Mamie dispose de son corps aussi, tu sais toi même que c’est un exemple fallacieux (et il est là), le bébé n’existe pas, je ne parle même pas de conscience ou quoique ce soit, sous cet aspect quand il existe physiquement la loi s’occupe de lui donner une voix quand nécessaire.
Justement il n’existe pas physiquement, il n’a pas de vie si la femme ne vit pas non plus. Est ce qu’on va condamner un individu pour double homicide s’il renverse en voiture et tue une femme enceinte? enceinte de 2 semaines? enceinte depuis 25 minutes? il faut rester raisonnable. (NB: jurisprudence existante et stable: n’existe pas de double homicide, à l’occasion d’un accident de la circulation entrainant la mort d’une femme enceinte de plus de 7 mois)
Les interrogations à se poser pour une femme devant une grossesse non désirée ne tiennent qu’à elle, son corps, sa maternité et ses projets. éventuellement elle peut y associer l’homme qui l’a mise enceinte mais je pense que si elle fait cela c’est que déjà, elle envisage la possibilité de poursuivre sa grossesse, si elle refuse catégoriquement de poursuivre sa grossesse, elle est le premier filtre et ne doit rien à personne. Je ne comprends pas comment on pourrait forcer une femme à porter et mettre au monde un enfant dont elle ne veut pas, soit parce qu’un homme refuserait l’avortement soit parce qu’il faudrait s’interroger sur la volonté d’un bébé potentiel (qui n’existe pas)
Ce n’est absolument pas cohérent. J’ai l’impression que ta façon de douter/remettre en cause l’avortement devrait te pousser du côté du refus absolu de l’avortement (du moins de celui qu’on pourrait qualifier « de confort » -même si c’est choquant- par opposition à celui de nécessité médicale)
L’embryon n’est rien les 10-12 semaines pendant lesquelles l’avortement est légal (parce qu’il faut une date limite, ne me demande pas mon avis sur ce point, tu serais outré) il n’est personne, il n’a pas de droit, celle qui le nourrit/ l’héberge, peut agir comme bon lui semble. Si tu n’adhères pas à ce préalable tu ne peux pas discuter de l’avortement, tu es contre.
Tu parles d’un acte volontairement « tronqué » parce qu’on ne fait pas référence à bébé, on n’a pas besoin de lui pour prendre sa décision et assumer sa décision. (reprends moi quand je mets à côté) Alors tu voudrais que les femmes abordent l’avortement et le portent toute leur vie comme ayant tué un bébé? tu es ok pour l’avortement si les femmes avorteuses culpabilisent et/ou assument un infanticide?
si c’est le cas, je suis à cours d’argument, bienheureuses les françaises qui n’ont à te demander ni ton avis ni ta bénédiction pour garder la main sur leur vie de femme.
Kahazara : ma position « mitigée » n’est pas un faux-semblant qui cacherait un « contre » massif. Disons que j’ai un a priori « contre », qui se heurte à certains arguments ou simplement à des réalités pratiques. Ainsi, je suis sensible à tes arguments ; j’ai forcé le trait en affirmant qu’on tue des « bébés », mais je conviens qu’un embryon n’est pas tout à fait un petit homme (ou femme). « Il n’a pas de vie si la femme ne vit pas non plus », c’est bien vrai, encore que certaines femmes peuvent mourir et leur fœtus leur survivre… Et de la même façon, un très jeune bébé ne vivrait pas sans sa mère ou sans assistance : sa totale dépendance lui enlève-t-elle tous les droits ? Qui est suffisamment certain pour décréter le stade précis où l’on devient un être humain viable ? Pas moi ! J’ai déjà mangé des yaourts indiqués « périmé » depuis la veille, et qui se sont pourtant avérés très comestibles et sans danger ! Alors oui, un embryon n’est pas un bébé, mais de là à lui retirer tout droit d’existence… Si tu n’adhères pas à ce préalable tu ne peux pas discuter de l’avortement, tu es pour !
Concrètement ? Je ne demande pas que les femmes qui avortent portent l’opprobe le restant de leurs jours, mais simplement que même médicalisé, l’avortement pose question, et en premier lieu à celle qui va le demander. Contrairement aux « 343 salopes », je ne suis pas choqué, qu’un médecin « culpabilise » une femme en lui demandant de réfléchir en son âme et conscience. Que cette question se situe sur le fil du rasoir et soit éternellement ouverte à l’interrogation, c’est simplement humain. C’est ce qui me dérange sur le site que je pointe : il ne défend pas le droit à l’avortement mais celui de nier que l’avortement pose un problème éthique.
J’aime bien converser avec toi alors je reviens, quand tu veux que j’écrase ne me réponds plus :o)
je comprends ce que tu dis, et je suis choquée par le médecin qui croit nécessaire de faire une leçon de morale quand une patiente lui parle d’un avortement. Cela dépend vraiment de sa morale personnelle, de son « éthique ». C’est du pur jugement de valeur non? de la part de son médecin! En fait, son avis on s’en fout? Je m’explique: le médecin qui ne croit pas en la contraception: abstinence ou maternité, tel que la nature l’a prévu, doit-il faire culpabiliser les femmes qui lui parle de pilule ou de stérilet? Justement il me semble que ceux qui voient un problème éthique (au delà d’une question mais bien un problème) dans l’avortement, doivent voir un problème éthique dans la contraception. Tu ne crois pas?
on pourrait refaire la même chose avec la fécondation in vitro, ce sont des problèmes éthiques ou bien lorsqu’il s’agit de donner la vie, cela pose moins problème?
Il y a un moment où l’embryon devient un foetus (environ trois mois), où il prend forme humaine, il n’est toujours pas viable hors de l’utérus mais on a décidé qu’à partir de ce moment on n’a plus le droit de le détruire. Contrairement à ce que tu dis, le stade où on devient un humain viable est connu aussi, il varie selon dans chaque cas, disons sur une quinzaine de jours, mais on estime que c’est à partir de 6 mois de gestation environ. Date à partir de laquelle on peut sauver des prématurés. Avant, non, il n’y a pas d’être humain viable.
(héhé sur les produits laitiers, la date de péremption peut être prolongée d’un bon mois, merci Pasteur 🙂
Retirer tout droit d’existence!! je crois qu’on touche le point culminant. c’est quoi un droit à l’existence quand on n’existe pas?
C’est creux comme notion, ce n’est même pas une fiction, ni philosophique ni juridique. On constate combien soi même on veut vivre et on estime que c’est la même chose pour les autres. Oui, c’est le cas de tous les vivants, mais pour ceux qui ne vivent pas? explique moi le raisonnement. Se projeter dans un hypothétique futur « quand il vivra » mais s’il ne vit jamais, ça annule le retrait du droit à l’existence?
commentaire depuis mon téléphone, mauvaise visibilité, désolée pour les fautes et les phrases biscornues!
Ce n’est pas à proprement parler le boulot du médecin, mais c’est le boulot de personne et tout le monde à la fois. Ce que je veux dire, c’est que ça ne me parait pas saugrenu qu’il y ait un environnement général qui se pose un peu la question avec la personne concernée : une société un peu plus en faveur de la vie a priori plutôt que de la mort, même si la liberté revient évidemment à l’individu femme concernée.
La contraception est bien différente puisqu’elle intervient avant ou pendant conception (oui bon, il y a la pilule du lendemain). Après conception, il y a bien quelque chose qui existe et qui vit. Le jeter aux chiottes parce que c’est un machin qui n’a pas encore 10 doigts comme vous et moi, c’est tout de même rude. Après, vaut-il mieux détruire la vie de cette petite chose ou ruiner celle d’une petite ado de 16 ans qu’a pas fait exprès ? Eh bien c’est là tout le débat : un choix entre une vie ou une autre. Une vie à sauver et pas l’autre.
(tu vas t’écraser oui ?) 🙂
Je pense en effet à titre personnel qu’il y a une différence entre contraception et avortement.
La contraception est une action préventive, l’avortement est une action à postériori (un peu la même différence entre éducation et sanction).
L’exemple du blanco est bon je trouve d’ailleurs 😉
Quand tu parles du bébé viable, que vaut un bébé sans sa mère à 1 an ? Est-il capable de vivre en pleine autonomie ? Il a plus de chances qu’un fœtus, mais pas beaucoup…
La différence n’est pas si évidente que cela d’après moi.
Sans être anti avortement, je pense qu’on peut raisonnablement souhaiter que toutes les autres solutions soient estimées, réfléchies, analysées, avant d’en arriver à la solution extrême qu’est l’avortement.
Après les médecins devraient informer et prendre toutes les précautions nécessaires sans non plus « culpabiliser », on arrive à de la manipulation sinon… Même si là encore la frontière est floue.
PS : Ravi de débattre avec des gens courtois et ouvert sur un sujet sensible 🙂
Re, c’est le week end !!
quand je faisais un parallèle avec la contraception, ce n’était pas pour mettre sur le même niveau contraception/avortement, je vois bien qu’elles ne suivent pas le même raisonnement et ne suscitent pas les mêmes questions, par contre par deux fois, je voulais montrer qu’avoir un problème éthique ou bien stigmatiser l’une des pratiques, répondaient à une morale personnelle qui pouvait du coup très bien porter également sur l’autre pratique (de la part d’un médecin ou de quiconque avec un refus d’ordre éthique)
enfin, il y a un exemple que Masterbox, comme déjà auparavant toi même unoeil, avaient déjà utilisés qui n’est pas bon. Vous faites référence (je paraphrase) à un bébé/nourrisson qui, même s’il a plus de chance de survie qu’un foetus, est mal barré sans sa mère.
C’est complètement faux et ça donne du crédit à ma thèse en fait loool
un nourrisson/bébé a besoin d’un adulte pour survivre mais pas du tout de sa mère et n’importe quel autre spécimen de l’espère humaine peut faire l’affaire (heureusement, parce que de nombreuses femmes meurent en couche, leurs bébés survivent)
alors que le foetus ne peut absolument pas être pris en main par une autre personne même pas une femme.
Sauf a partir du moment où il est viable, quand il peut être mis en couveuse, je retombe sur un truc que j’ai dit plus tôt.
Du coup, je crois toujours qu’une tierce personne, un potentiel bébé ou un médecin, n’est pas concerné par la démarche d’une femme de recourir à un avortement, parce que sans elle, rien ne peut se faire. Si elle ne veut pas, elle n’a de compte à rendre à personne.
J’ai bien aimé cet échange, on n’a pas le même point de vue Unoeil mais j’ose croire qu’on a pris un peu plus de hauteur.
moi oui.
Pareillement ! Et « sortons couverts », parce qu’au cas où ça tourne mal, nous aurions beaucoup de mal à nous mettre d’accord ! :)) Bon week-end.
Bonjour,
Pas envie de polémiquer ni de tenir un discours féministe désuet … je comprends ton point de vue, ton billet, ta considération ; je comprends aussi les remarques de quelques uns de tes lecteurs ; personnellement je trouve ta conclusion maladroite ; questions de choix de mots …
Je t’offre en réponse et en réflexion un texte écrit il y a quelques années et que je « reblogue « avec plaisir pour l’occasion . (http://avecdixmots.over-blog.com/)
Amitiés .
Annick SB
On ne s’est pas déjà rencontré quelque part ? 🙂 Je te donne raison sur la conclusion, qu’à la relecture je formulerais autrement, mais finalement tout le débat porte là-dessus finalement : comment appeler ce quelque chose qui n’est pas un bébé mais qui n’est pas non plus un furoncle et pour qui on décide que c’est finito… Bon, pour le reste je pense être à sec et avoir donné toutes mes idées ci-dessus !
Ce quelque chose ….c’est une vie , un petit vermicelle, un mini ver de terre et de mer et de ciel
c’est un espoir, une crainte
c’est une supposition, une transmission, un orage une goutte, un grain de sel, un grain de sable…
ce quelque chose c’est fondamental et ça n’a pas d’importance
c’est toute l’ambiguité, toute la rage, toute la faiblesse de notre corps
c’est le résumé de notre impuissance
ce quelque chose c’est l’ambivalence, la toute puissante ambivalence de l’absurdité des choix humains et des hasards, c’est une poussière de plante, comme une graine de pissenlit que l’on souffle dans un pré aux premiers rayons de soleil et qui s’égare
ce quelque chose, tu le sais bien tu me connais je pourrais en écrire des pages et des pages ici ou ailleurs…
la seule chose que je considère envers et contre tout c’est que ce quelque chose n’est rien sans nous, n’est rien sans notre choix d’adulte ,rien que culpabilité, fantasme, amertume et douleur et pour cette raison il ne faut pas le nommer bébé
car le bébé à l’inverse est vraiment autre chose que ce quelque chose d’indéfinissable …
Annick SB
Annick SB votre texte me rappel une amie proche. Après un avortement elle est passée par différentes phases et une seule l’a vraiment libéré: arriver à faire le deuil de cet être (je ne sais plus si elle disait bébé). Je ne sais pas si vous avez connu cela de près ou de loin mais à l’image de la « traversée du désert » qu’a connue mon amie, chacun de vos mots se télescopent comme une équation à milles inconnues qu’il faut résoudre le + vite possible… par dichotomie.
Kahazara j’essai de réfléchir à ce sujet très bipolarisé en général. Un oeil visiblement n’a pas vos certitudes, il objecte que le côté j’avorte et ouf! ça fait du bien! est pour le moins questionnant. Moi ça me touche tout autant. Et quand je lis vos arguments, pris l’un après l’autre j’en reste scié.
Je ne comprend pas le terme fière de.
Pas plus que celui de « il n’est rien » pour parler du fétus. Ou « il n’existe pas physiquement ».
Je crois que la bipolarisation du débat a produit quelques monstres dans un camps comme dans l’autre. Et aucun ne m’attire franchement. Ni cet américain fous qui tuent un avorteur… ni vous qui me faites peur avec votre conclusion dans le premier commentaire:
« Ce n’est absolument pas cohérent. J’ai l’impression que ta façon de douter/remettre en cause l’avortement devrait te pousser du côté du refus absolu de l’avortement. »
autrement dit Un Oeil soit t’es à fond pour… soit t’es un absolutiste, limite complice de l’américain. Et Kahazara s’illustre de modération la ligne suivante:
« L’embryon n’est rien (…) il n’est personne, il n’a pas de droit, celle qui le nourrit/ l’héberge, peut agir comme bon lui semble. Si tu n’adhères pas à ce préalable tu ne peux pas discuter de l’avortement, tu es contre. »…
(j’escamote les 10 à 12 semaines puisque pour vous ça n’a pas grand importance si je vous comprend bien).
Tu es Contre! Comment vouloir discuter si t’es contre! Dis que t’es pour et là ok, on peut discuter. J’observe que Kahazara n’utilise pas le mot débattre mais discuter… papoter quoi. Mais pas plus.
Toutefois comme le souligne MasterBOX il es rare et agréable de voir des échanges plutôt apaisés sur ce sujet. Chapeau à ce blog que je consulte (trop rarement) toujours avec plaisir.
L’oeuf est la résultante des lois de la probabilité appliquées à la biologie et au comportement animal. La question est, cet oeuf,dès la première cellule, est-il viable ou pas ?
La réponse est à nouveau fournie par les lois évoquées ci-dessus.
C’est vrai pour tous les animaux ainsi que pour le(a) primate qui a inventé machine à laver,le pertubateur endocrinien et le e-réseau social.
Les trois premiers suivent leur instinct.
Le dernier semble être le seul à se poser des questions dont il n’aura jamais les réponses.
Pour justifier ses choix il a inventé la religion, l’athéisme, les lois et la révolution.
Mr et Mme Bonobo ne font sans doute pas de projet parental, mais bébé Bonobo n’en a pas moins une existence biologique. Et nous sommes des êtres biologiques soumis aux lois de la biologie qui
peuvent rendre vain le projet parental de Mr et Mme Untel.
La première cellule en gestation n’est déjà plus ni le père ni la mère.
Si la première cellule foetale n’est rien pourquoi 60.000 milliards de fois rien deviendrait quelque chose et à partir de quand?
Son statut dépend de ses géniteurs, de la société dans laquelle ils évoluent et de leur façon d’y évoluer.
Si la mère d’hitler avait avorté l’histoire aurait probablement été différente.
Si la mienne l’avait fait vous n’auriez pas usé de votre temps à lire ce message.
Cordialement
Et si vous aviez été le jumeau d’Hitler, on aurait fait d’une pierre deux coups ! Merci de votre commentaire qui apporte un éclairage encore différent de tout ce qui a pu s’échanger au-dessus…
l’avortement est un mal nécessaire
je n’ai jamais oublié mes trois possibles enfants et ceux que j’ai pu mettre au monde ne les ont pas effacés.
Je continue de les aimer pour ce qu’ils auraient pu être, tout comme je continue d’aimer ceux qui sont vivants pour ce qu’ils sont.
« Un discours féministe désuet « ….
Voilà une phrase qui m’enrage..
Sans ces féministes désuètes, vous n’auriez même pas droit au débat…vous seriez engrossée chaque année, pour peu que cette « merveilleuse » nature, (qui elle tue sans vergogne), vous ait dotée d’une nature fertile. vous subiriez…et c’est tout. comme beaucoup de femmes de l’époque, vous en seriez arrivée à peut être détester le sexe, et par la même détester un peu votre mari.
Vous ne seriez qu’une femme objet, mi potiche (si suffisamment esthétique) mi couveuse. Pas de droit de vote, pas d’études…Ca ne fait pas si longtemps que cela.
Alors un peu de respect pour ces femmes dont vous vous désirez vous démarquer par peur de déplaire…A qui ? Devinez.
Lisez le roman « histoire à l’eau de bleu », d’Alonso. Qu’on l’aime ou pas, le roman fait ressortir certaines injustices qui sont toujours subies par les femmes. Nous sommes tellement tous conditionnés que l’ont ne s’en aperçoit plus. Je suis totalement pour avoir la possibilité d’avorter, je suis maman par ailleurs et n’ai eu aucun états d’âme. La aussi, conditionnement, vestiges de religion. Et c’est tout. Rien à f..d’un foetus non désiré. Culture de l’enfant roi , l’enfant objet, l’enfant compensation, l’enfant faisant partie de la réussite sociale. L’instinct maternel est une invention culturelle. Les sentiments se développent certes, mais comme dans toute relation, il faut du temps. L’amour pour un foetus, sorry mais je n’y crois pas. Nunucherie phénoménale.
Je déterre cet article, qui est (à nouveau?) d’actualités.
En effet, à part Cantor, tout le monde a su parler agréablement.
J’ajoute ma touche avec une dimension non encore étudiée : l’avortement médical de grossesse (IMG).
Car si l’on a pu débattre d’à partir de quand on peut avorter parce que « ce n’est pas (encore) un bébé », je rappelle que jusqu’à la veille de la naissance en cas de maladie potentiellement gravissime et incurable au jour de l’IMG, l’IMG est possible.
N’est-ce pas aussi considérer que l’enfant à naître n’a pas de poids si ce n’est la volonté de ses parents?
Qui a décrété qu’un trisomique 21 était dans un état gravissime? Pourquoi avorte-t-on sans difficulté des agénésie du corps calleux, malformation cérébrale qui passe inaperçue 9 fois sur 10 mais peu donner des retards psychomoteurs importants si l’enfant n’est pas stimulé?
Il est véritablement question des désirs de la mère. Une femme infertile qui parvient enfin à débuter une grossesse chérira son enfant (oui oui, son enfant, même s’il n’est pas encore né au monde) et fera une dépression terrible en cas de fausse couche.
Un père pleurera encore plus sa femme et l’enfant qu’elle portait que sa femme seule après un accident de voiture (exemple cité plus haut)
Il s’agit donc de laisser les désirs, les envies et les motivations de la mère (ou du couple, ou du père, parce que oui l’exemple a été donné du père qui « forcerait » la femme a continuer sa grossesse, mais il n’a pas été fait mention de ces pas-encore-père qui conduisent la femme à avorter) décider de tout. Le problème est là : pense-t-on qu’il y a quelque chose au-dessus de nos désirs ou pas?
Pour cela, la loi Veil était très équilibrée, puisqu’elle énonçait qu’il est nécessaire pour une femme de pouvoir se sortir d’une situation difficile, mais rappelait que ce n’est souvent pas par gaité de coeur et que ses femmes en situation de détresse doivent être soutenues quelque soit leur choix.
Dans les faits, il y a aussi des femmes qui avortent par commodité (je ne dirai pas par confort), je ne sais pas si elles sont souvent blâmées, mais elles ne seront jamais punies. De là à revendiquer l’avortement comme une liberté de la femme (sur l’homme??) je trouve que le pas ne devrait pas être franchi en conscience.
Merci UnOeil pour cet article, et tous les autres pour le débat.
PS : le discours féministe désuet ne veut pas dire inutile, ni qu’il n’a jamais eu de valeur, mais qu’il est quand même aujourd’hui moins essentiel, et notamment dans certaines de ses orientations bellicistes et victimistes.
Merci d’exhumer cet article, j’y ai repensé l’autre jour bien que je n’ai pas suivi très précisément pourquoi ce débat IVG resurgissait maintenant. Il s’agit de retirer dans le texte de loi tout ce qui apportait justement un peu de « gravité » à l’acte, c’est bien ça ?
– En pratique il s’agit de retirer la notion de « détresse » qui est inscrite dans la loi Veil.
– L’idée est sans doute oui de faire comprendre qu’il ne s’agit pas d’un acte grave pour que les femmes se sentent plus libre de le faire.
– L’argument c’est de ne pas être restrictif puisque toutes les femmes doivent pouvoir accéder à l’avortement (mais dans les faits il n’y a pas de « vérification » de la détresse, comment le pourrait-on même?)
– Le risque attendu, c’est l’inverse du « constat qui a motivé » l’amendement : que les femmes qui vivent une souffrance avant, pendant, ou après l’avortement ne soient plus entendues, ni aidées, même si ça reste écrit dans la loi Veil…