Le rebelle n’est pas exactement le contraire du conformiste. Il ne vit pas en marge de la société comme il l’imagine, mais au contraire est relié à cette société par un fort lien de dépendance.
Car le rebelle n’a d’attitude rebelle que par rapport aux autres (et souvent au détriment des autres). Son surplus de liberté, il ne le tire pas de son chapeau, il ne l’invente pas, mais il l’extorque aux autres, à ceux que son action prive de liberté.
- Le motard qui fait pétarder sa bécane en ville ne peut le faire seulement parce que les autres ne le font pas : si tout le monde le faisait, ce serait simplement impossible, ou bien le motard y perdrait son intérêt.
- Celui qui refuse de faire la tâche qui lui est demandée, de fait, n’annule pas la tâche ou ne la fait pas autrement : il la laisse simplement à un autre, plus capable ou de meilleure volonté.
En somme, le rebelle ne vit que parce que les autres sont là pour le racheter. Ce sont les conformistes, qui par leur comportement compensateur, autorisent et valident celui déviant du rebelle. Le rebelle n’est pas autonome : il vit aux frais du conformisme. Il dépend principalement de la capacité d’abnégation des autres. Il dépend du conformisme comme le loup dépend des moutons et comme l’adolescent dépend de l’argent de son père pour acquérir les outils de sa rébellion (cigarettes, haschisch, guitare électrique…). Le rebelle rejoint de près le profil du pillard.
Ainsi, le rebelle n’est pas un « pestiféré » mais un privilégié. Quelqu’un qui « se paie le luxe de »… Un enfant énervé que la société tolère et à qui l’on cède son caprice. C’est pour cette raison qu’il n’a aucun intérêt objectif à ce que la société change. Il souhaite au contraire qu’elle perdure, qu’elle reste conformiste et qu’on ne soit pas trop nombreux à le rejoindre dans sa minorité et son attitude. Sa « rébellion » ne prend racine que dans un terreau majoritairement conformiste. C’est pour cette raison aussi qu’au fond, la société ne perçoit pas le rebelle comme une menace mais seulement comme une nuisance.
« Celui qui refuse de faire la tâche qui lui est demandée, de fait, n’annule pas la tâche ou ne la fait pas autrement : il la laisse simplement à un autre, plus capable ou de meilleure volonté. »
Ou encore parfois appelé un pigeon.
C’est exact, comme d’habitude, plein de bon sens, et donne à réfléchir. (je crois que je l’ai déjà dit plusieurs fois, tant pis)
Mais oui c’est vrai, cette relation de dépendance. Et cette identité exclusive est une des grandes bases sur laquelle repose une vie marginale. C’est un gros trait de personnalité, qui si il en devient copié par le plus grand nombre vient à s’annuler, devient moins grisant sans doute. C’est la même chose avec un objet rare dont personne n’en a la connaissance : c’est aussi ce côté exclusif qui lui donne sa saveur.
Par contre, le parallèle avec l’ado rebelle est un raccourci bien léger et facile si je peux me permettre 🙂
Sinon la photo est sympa, assez mignonne représentation de l’ordre et du chaos.
plus qu’un rebelle, c’est un sans-gêne
les rebelles sont de mèche…
Que j’aimerais pouvoir exprimer les choses comme vous le faites ! beaucoup de contenu en peu de mots.
Nous vivons au quotidien, et particulièrement au boulot, ce que vous écrivez :
« Celui qui refuse de faire la tâche qui lui est demandée, de fait, n’annule pas la tâche ou ne la fait pas autrement : il la laisse simplement à un autre… » ce n’est que trop vrai, hélas !
Actuellement vous ne pouvez pas manquer les pyramides de packs de bière de marques diverses qui vous accueillent dans les grandes surfaces. Pas le pack de 6 cannettes, non au moins 24, voir 48 cannettes ! La cannette est actuellement l’objet qu’il faut avoir à la main si l’on veut être un bon rebelle !
Le rebelle s’habille et consomme les produits que le marketing propose à tous les rebelles du moment. Et pour que le business tourne, la mode crée de nouveaux types de « rebelles très conformistes » à une cadence de plus en plus rapide !
La societe?
Fille de resistante, je sais faire la difference entre l ethique servant l humain et les lecons de morale de petits bourgeois en perte de privileges qu ils esperaient assures par leurs participations assidus a des structures dehumanissantes.