Exprimer ce qu’on sent si vivement et si en détail, à tous les instants de la vie, est une corvée qu’on s’impose parce qu’on a lu des romans. Si l’on était naturel on n’entreprendrait jamais une chose si pénible.
Stendhal, dans De l’amour.
Exprimer ce qu’on sent si vivement et si en détail, à tous les instants de la vie, est une corvée qu’on s’impose parce qu’on a lu des romans. Si l’on était naturel on n’entreprendrait jamais une chose si pénible.
Stendhal, dans De l’amour.
Je ne suis pas d’accord mais comme je n’arrive pas à l’exprimer, voici une première réflexion matinale ! http://web.univ-pau.fr/~puiseux/enseignement/Recreation/img008.jpeg.html
@Annick Ce que j’entends dans cette citation, c’est une « déformation professionnelle » du romancier à observer toutes les nuances de son état d’âme dans son quotidien. Par extension, le lecteur de romans scrute aussi les moindres variations de ses humeurs et en tire satisfaction. Mais le ferait-il s’il n’avait pas lu Madame Bovary ? 🙂
Ca se rapproche de la phrase de La Rochefoucault (je crois) : « il y a des gens qui n’auraient jamais été amoureux s’ils n’avaient jamais entendu parler de l’amour ».
Vous allez encore dire que je vous cherche des poux, et pourtant…!
Je pense, au contraire, que si l’on a lu Madame Bovary, on ne scrute pas les moindres variations de son humeur; on entretient, au contraire, une distanciation ironique avec ses états d’âme. Madame Bovary n’est pas un roman freudien sur une hystérique qui s’introspecte (dans toutes les acceptions du terme, y compris la plus littérale), c’est un anti-roman bourgeois (comme le laisse entendre son sous-titre), un roman sur le Rien. L’émotion en est évacuée, à coup de focalisation externe, ce qui permet, justement la distanciation ironique. Une fois qu’on a tordu le coup aux états d’âme, au mélo et au roman bourgeois (c’est le but !) reste le style ! Madame Bovary est un roman sur le rien, parce que c’est un roman sur le style ! Madame Bovary n’est rien d’autre que le Manifeste littéraire d’un technicien sur son art, et sur les ficelles de cet art qu’il se plaît à mettre à jour. Il n’y a pas d’histoire dans Madame Bovary (c’est justement pour cela que Flaubert l’a faite aussi conne !) Pour finir, on retrouve, dans Madame Bovary, le même exercice de style que dans Bouvard et Pécuchet, le même détournement de l’idéal petit bourgeois des enfants du siècle…et on rit !
Il n’y a point de fin à multiplier les livres, et la fréquente méditation est une fatigue pour le corps. (L’ecclésiaste)
On touche un peu à une chose que j’essayais d’exprimer ici : https://unoeil.wordpress.com/2010/04/08/paradis-perdu/
Je repasserai vous voir. A bientôt et au plaisir de la découverte !
La citation de Stendhal n’engage que son auteur, dont la caractérisque est tout de même l’egotisme. J’imagine qu’un auteur comme Zweig aurait pu faire ce genre de déclarations, voire un auteur comme Rousseau (encore que, pour ce dernier, c’est infiniment plus complexe que cela !).
Je ne suis pas sûre, en revanche, que le Kafka du château, ou le Gogol de la perspective Nevski, ou le Boulgakov de l’Oeuf, voire Primo Levi, aient écrit dans le même état d’esprit. Je crois que l’urgence à témoigner les poussaient au cul et que ceux-là avaient moins le temps de se demander s’ils étaient « naturels » …fin j’pense ! 😉
Quant à s’interroger, comme la RochefoucaulD, sur le fait qu’ il y a des gens qui ne seraient jamais tombés amoureux s’ils n’avaient pas entendu parler de l’amour, il faut y voir une saillie relative à l’époque : celle de l’Astrée d’Honoré d’Urfé ! Ceci explique cela ! 😉
je salue tous ceux qui ont pu repliques ou donner les reponces sur cette page en general et en particulier a NATHALIE. Merci. Moi je sui en RDC KATANGA. Kml pie.