Au contraire de ceux qui feignent l’indifférence et prétextent qu’il y a des choses plus importantes, je trouve « l’affaire Depardieu » et les réactions qu’elle suscite absolument signifiantes. Elles en disent long sur notre société et notre époque.
Au moment où l’acteur est « parti » en Russie et que Brigitte Bardot menaçait de le rejoindre, on a pu entendre les sarcasmes de ceux qui, piqués au vif et vexés quoi qu’ils en disent, se réjouissaient, disaient tant mieux, qu’ils partent ! Et qu’en échange on accueillerait volontiers les trois Pussy Riot !
On entend ça et tout à coup les choses deviennent très claires. Tout à coup l’Hexagone se fracture selon une ligne très nette. Le monde se divise en deux catégories, Tuco ! Il y a ceux qui, sans même très bien les connaître, sans être particulièrement aficionados, pressentent tout de même qu’à eux deux, Depardieu et Bardot comptent pour un petit quelque chose dans l’imaginaire et le prestige français des 50 dernières années… et il y a ceux qui sur un coup de tête mettraient tout ça à la poubelle et le troqueraient en échange de l’apport culturel des Pussy Riot.
Pour eux, le deal est équitable : ils s’estimeraient quittes voire y gagneraient au change. Les Pussy Riot, groupe de punkettes comme il en existe dans toute ville de plus de 3 000 habitants, comptaient il y a quelques mois encore très exactement pour rien aux yeux du monde. Aujourd’hui, elles représentent à peine plus. Y compris dans l’esprit de ces gens qui les réclament en échange. C’est-à-dire qu’ils ne savent toujours pas qui elles sont, n’ont rien entendu d’elles, ne les connaissent absolument pas autrement que par l’écho, aussi tonitruant que passager, que les médias ont fait de leur scandale. En dehors de quelques curieux qui se seront peut-être donné la peine de cliquer sur un lien, personne n’a jamais entendu une seule de leurs chansons, ni ne réalise que ce qu’elles ont à leur actif se résume à des performances d’obscénité publique. Mais peu importe ! A leurs yeux, le symbole téléphoné d’une liberté d’expression bon marché muselée par la religion et la tyrannie vaut bien les centaines de films, la poignée de chefs-d’œuvre, les milliers d’images cumulés sur un demi-siècle de nos deux icônes culturelles. Ces gens-là ont fait leur choix : si l’une des deux œuvres est à démolir au burin, leur main ne tremblera pas.
La question, dès lors, est la suivante : comment vivre avec ces gens-là ? Comment vivre parmi ces gens-là ? Comment constituer avec eux une seule et même société, une seule et même patrie ? Quelle communion est possible avec un voisinage qui a atteint un tel degré de nihilisme jovial ? Et en quoi, après tout, une Caroline Fourest qui se réjouit de « perdre » Depardieu si seulement elle obtenait les Pussy Riot, m’est-elle moins étrangère qu’un réfugié du Baloutchistan ? Ces personnes-là sont nos talibans. On parle de cohésion et d’intégrer l’immigration, mais le vrai défi qui exige qu’on se retrousse les manches serait en réalité de réintégrer ces autochtones déculturés.
Mais la tâche est immense, et plutôt que d’espérer les convertir, il semblerait plus aisé de convaincre les personnes qui ont encore la tête à l’endroit de partir, ensemble, tout recommencer en Sibérie.
A propos de l’emprunt russe
Au cours du XIXème siècle, la Russie emprunte à plusieurs reprises des capitaux à la France. En 1917, elle déclare de façon unilatérale l’annulation de ses dettes. Plus d’un million et demi de Français qui avaient investi dans ces emprunts perdent leur placement.
Dans les années 20, on révèle que la presse française, corrompue par le gouvernement russe à partir de 1900, a fortement participé à promouvoir le placement des emprunts russes auprès du grand public.
Je n’avais jamais entendu parler des pussy riots avant cette affaire ,mais … je pense que tu te méprends sur les réactions populaires françaises à l’égard de ce grand du cinoch. Il ne faut pas comparer ce qui n’est pas comparable ! Tu mets sur le même plan ce qui relève de sa vie perso, son choix et ce qui relève du patrimoine, c’est à dire notre regard collectif sur lui, notre sensibilité. Depardieu est un acteur, un de nos très bons acteurs et qu’il aille filer son pognon ailleurs ne lui enlève en rien cette qualité professionnelle, mais en tant qu’humaine et non plus spectatrice, sa grossiéreté, son alcoolisme, ses excès, sa conduite, sa paternité atrophiée dans un égo sur dimensionné, son mépris pour la France me laissent amère . Pour qui se prend-il ? Si en plus d’être un paumé médiatisée à outrance , s’offrant le luxe de premières de la presse pendant que des mômes ont faim, que des femmes ont froids, que la France va mal, perso ça me révolte .
Je ne comprends donc pas ton » cocorico » à toi dans ce post et défend plus que jamais mon » cocorico » à moi qui est sdimplement de dire que ce ne sont pas des paumés en fin de vie comme Bardot et Depardieu qui défendent les valeurs de notre pays mais nous le petit peuple tout simplement en montrant du doigts ceux qui se servent de la notoriété pour péter des câbles publiquement en devenant des lâches . Effectivement on ne lui enlevera pas sa liberté de pisser mais lui ne nous enlèvera pas notre liberté d’être contre SON système de fric , contre Poutine et tant d’autres …
Méditons encore une fois sur cette citation : « Vivre simplement pour que simplement d’autres puissent vivre. »
Le Mahatma Gandhi
ce que en font JAMAIS ces acteurs à la vie devenue décadente …
Pour une fois je ne suis pas d’accord avec Un Œil. En un sens cela me rassure ! Mais je partage totalement ton commentaire, Annick SB. Le comportement de Depardieu est pitoyable. Le talent n’autorise pas tous les excès, et n’excuse pas les comportements vils. Et j’aime beaucoup ta citation de Gandhi. Je vais la reprendre sur mon blog. Concernant les Pussy Riot, en revanche, je n’ai pas d’avis. J’ignore tout d’elles.
Ne vous est-il pas venu à l’esprit que les gens qui ont lancé cette boutade (oui c’en est une et la prendre au sérieux fait montre d’un certain manque de recul qui me surprend chez vous) ont pensez exactement comme vous, et ont choisi cette exemple pour montrer le peu de reconnaissance qu’ils ont envers ces icones du cinéma francais ?
Et n’avez-vous pas pensez un seul instant que ces deux icones doivent finalement toute leur carriere à la France et aux francais ?
Pour le coup, non : je ne crois pas qu’ils doivent tout à la France et aux Français. Auraient-ils été Italiens qu’ils auraient pu avoir la même carrière. Ou alors si on raisonne comme ça on ne s’en sort plus : Picasso doit-il tout à ceux qui ont regardé ses tableaux ? Oui, mais non. C’est l’artiste qui donne et à qui l’on doit.
Tu as raison Annick, et je crois n’avoir pas assez bien « visé » dans cet article : je ne m’en prends pas à tous ceux qui ont déploré la fuite de Depardieu, dont je comprends qu’elle puisse indigner. Je voulais viser ceux précisément que l’idée de recevoir les Pussy Riot (forcément à titre honorifique type « citoyen d’honneur ») peut traverser la tête.
Une boutade ? Oui et non. C’est dit pour la formule, mais en revanche, je pense qu’il n’y a aucune ironie dans l’estime et la valeur que ces gens accordent aux Pussy Riot. Pas à leur talent artistique bien sûr, mais au symbole qu’elles représentent, c’est-à-dire au symbole fabriqué par nos médias. Et c’est ce qui me navre : qu’une farce médiatique de quelques semaines puisse retourner à ce point la tête et les valeurs de ces personnes.
tu dis : » Et c’est ce qui me navre : qu’une farce médiatique de quelques semaines puisse retourner à ce point la tête et les valeurs de ces personnes. » .
Oui, la vie médiatique elle même est navrante, PITOYABLE même !
Loin du punk édulcoré qui se fait aux États-Unis, le morceau «Détruire la prison et liberté de protester» est très court, aux rythmes saccadés, portés par une basse qui inspire l’angoisse. Les titres des Pussy Riot n’hésitent pas à mélanger les genres de la musique underground et contestataire. Allant parfois jusqu’à scander les paroles.