Certains hommes choisissent leur femme parce qu’elle les valorise aux yeux du monde. A travers ses qualités, ils voudront montrer qu’ils sont de trempe à séduire un canon, ou qu’ils sont suffisamment raffinés pour se payer une femme intelligente, ou encore que leur femme est une fêtarde qui sait recevoir…
Mais d’autres au contraire, après quelques années de vie commune, semblent essayer de se valoriser contre leur femme, à travers ses défauts. Devant nous ils lui adressent des piques à fleuret plus ou moins moucheté, nous montrent comme ils sont drôles à ses dépens… et nous scrutent comme pour recueillir notre rire ou notre assentiment.
Ils semblent alors s’attendre à ce qu’on trouve leur adresse formidable. On serait censé avaliser combien ils ont raison et combien l’autre a tort, est con ou invivable… Nous voilà invité à une sorte de corrida domestique, pris dans la situation embarrassante de la pièce extérieure qu’on est venu chercher et devant qui on met à jour les failles de l’autre, simplement parce que cette personne-témoin est là.
Le reste du temps sans doute, ces reproches se font sourdement, au sein d’un quotidien qui ne trouve pas d’issue, mais ici on veut nous prendre à parti, profiter de notre présence. Sous les plaisanteries, on cherche un médiateur, un œil extérieur, parce que sans doute on n’a pas encore osé aller chercher un juge.