C’est l’idée du con subjugué par sa propre caméra. Celui qui fait ce qu’il est en train de faire uniquement parce que c’est filmé. Ou photographié.
Nous avons là le point commun entre le « snowboarder » de l’extrême se filmant sur les pentes neigeuses impossibles, réalisant des acrobaties à se rompre le cou, et le bédouin terroriste analphabète qui découpe consciencieusement une tête du corps à qui elle appartient avec un couteau. La synthèse parfaite étant Mohammed Merah, qui pour immortaliser l’exploit de tirer à bout portant sur des enfants en bas âge, s’était offert une Go Pro, la « caméra de l’extrême ».
La société de l’image fascine à ce point l’esprit humain qu’elle parvient à lui faire faire des choses qu’il ne ferait jamais autrement. Les martyrs grotesques de cette civilisation étant ces gens qui désormais, meurent de s’être mis dans une certaine situation pour se photographier par téléphone : devant une falaise, tenant un pistolet chargé…
Nous avions les morts naturelles, criminelles, accidentelles… Voici les morts qui normalement, n’auraient pas dû avoir lieu. Normalement, c’est-à-dire s’il n’y avait pas eu un appareil photo ou une caméra. C’est une toute nouvelle catégorie d’âmes qu’accueille le royaume des ombres : les morts qui se sont tués tous seuls, par erreur. Un vrai casse-tête pour les législateurs du Purgatoire.