
Vu un t-shirt sur lequel un rappeur riche et célèbre fait semblant de se suicider en s’enfonçant le canon d’une arme dans la bouche.
Je me figure la crétinerie du rigolo qui pose pour la photo : décor sombre, œil sérieux et supérieur, arme factice au poing et la ferme détermination de faire… un joli t-shirt ! Je me figure la maquilleuse ou le photographe qui lui donne des indications, lui fait relever le menton : « comme ça coco ! ».
Je me figure cela et je le mets en relation avec la détresse authentique et inaperçue du vrai désespéré, qui à un autre endroit du globe, s’enfonce pour de vrai un pistolet dans la gorge avec comme seule envie la désintégration.
Et voilà tout le ridicule de l’auto-mise en scène du rap qui surgit, toute la pelote du spectacle qui se débobine : le cirque du « je suis un méchant », « je suis un maquereau », « on dit que je serais un bandit »…
50 cents dans un magasin de jouets
Le ridicule du rap et peut-être plus encore : celui des gens de spectacle en général. Ainsi le jeune acteur qui joue merveilleusement la noirceur d’un taulard, et à côté le taulard lui-même, seul, qui moisit en taule. Ainsi la grande actrice qui restitue très fidèlement la folie, l’hystérie, l’aliénation… et qui file rejoindre ses amis après le tournage, dans un bar à vins empli d’éclats de rire. Ainsi le politicien qui sur le plateau, dénonce les idées déviantes de son adversaire et dans les coulisses, le félicite pour les bons mots qu’ils ont échangés.