« Au milieu du chemin de ma vie »

Au milieu du chemin de ma vie, je me retrouvai par une forêt obscure car la voie droite était perdue. (…) Je ne sais pas bien redire comment j’y entrai tant j’étais plein de sommeil en ce point où j’abandonnai la voie vraie. Mais quand je fus venu au pied d’une colline où finissait cette vallée qui m’avait pénétré le cœur de peur, je regardai en haut et je vis ses épaules vêtues déjà par les rayons de la planète qui mène chacun droit par tous sentiers.

Dante dans La Divine Comédie.

Chemin privé

Aujourd’hui, le mot « privé » signifie à nos oreilles « c’est à moi ». Un panonceau « chemin privé » sur une clôture, et nous visualisons immédiatement le proprio, gentil bonhomme aspirant à la tranquillité, ne demandant qu’à ce qu’on lui fiche la paix et qu’on n’entre pas chez lui à tout bout de champ, quoi de plus naturel ? « Privé » et nous pensons tout de suite à notre vie et nos données privées, à quoi nous tenons comme à la prunelle de nos yeux. « Privé » inspire l’intimité, la confidentialité.

Mais rappelons-nous l’époque plus lointaine, plus enfantine, où « privé » signifiait la privation. Le mot nous faisait froid dans le dos. Il voulait dire « défendu ». « Pas le droit de passer sous la barrière ». « Danger ». « Privé de dessert » ! « Chemin privé », c’était tout simplement le terrain dont on était exclu, privé.