Je donne du « nous », mais bien entendu je suis seul.
Je décoche mes billets, mais bien entendu je n’égratigne rien du tout.
Le réel, lui, ne bouge pas d’un pouce. Il ne change pas sa trajectoire (manquerait plus que ça) et l’impression que sous les mots posés, le monde trouve de la cohérence, est une illusion qui ne dure pas. Il vient toujours un matin où le monceau quotidien de réel a recouvert ce que j’ai affirmé la veille.
Je pense parfois à certains lecteurs qui pourraient trouver que ce blog s’enlise dans la critique et le négatif. Ma foi, il est possible que j’aie livré ce que je possédais en fait de sagesses et de bon esprit, et qu’il ne reste plus que la bile et le vitriol…
Et pourtant il me tient à cœur de ne pas être cet Œil sale qui amoche et amoindrit. Pourquoi ce blog ? Parce que quelque part il y a la croyance qu’en tapant régulièrement et toujours au même endroit, je vais réussir à faire une rayure. Que derrière les voiles arrachés, il y a d’autres possibilités qui apparaissent. Quelque part il y a la croyance qu’en tapant toujours au même endroit, quelque chose va se détruire, ou s’édifier.