Satiété

Lorsque l’on mange au restaurant, on se sent rassasié quel que soit la quantité engloutie, bien plus que lorsqu’on prend un repas chez soi. Et au cinéma, un film ne nous paraît jamais complètement mauvais, jamais autant du moins que lorsqu’on le revoit diffusé à la télévision.

Pourquoi ? Parce qu’on a payé.

Avec certaines personnes, cela marche avec toutes les choses de la vie : parce qu’elles les ont faites, parce qu’elles les ont choisies, ces choses leur apparaissent nécessairement satisfaisantes. Elles ne vous diront jamais, par exemple, que des vacances ou quoi que ce soit s’est mal passé. Elles ne vous le diront pas, et elles ne le ressentiront peut-être même pas. C’est comme si ces personnes avaient un petit chef dans leur tête qui les obligeait à être contentes de ce qu’elles ont. Comme si ces personnes, devaient, à leurs propres yeux, être infaillibles, même pour la chose la plus futile, et elles plongeraient dans un état de dépression s’il en allait autrement, si quelque chose, dans leur vie, venait à clocher.

« Quatre fois »

Léon Bloy dans Journal II (1907-1917) :

« L’air est composé de 20 parties d’oxygène, gaz vital par excellence, et de 80 parties d’azote, gaz éminemment mortel. (…) L’oxygène le symbole du Bien, l’azote le symbole du Mal. Il y aura toujours quatre fois plus de méchants que de bons. (…) Nous payons un jour de bonheur par quatre jours d’angoisses et de soucis de toutes sortes. Il y a quatre fois plus de pauvres que de riches, c’est-à-dire qu’il faut les souffrances de quatre déshérités pour compenser la joie d’un repus… L’oxygène et l’azote, le Bien et le Mal, impossibles à dissocier ! Que d’enseignements au fond d’une éprouvette ! »