Chemin privé

Aujourd’hui, le mot « privé » signifie à nos oreilles « c’est à moi ». Un panonceau « chemin privé » sur une clôture, et nous visualisons immédiatement le proprio, gentil bonhomme aspirant à la tranquillité, ne demandant qu’à ce qu’on lui fiche la paix et qu’on n’entre pas chez lui à tout bout de champ, quoi de plus naturel ? « Privé » et nous pensons tout de suite à notre vie et nos données privées, à quoi nous tenons comme à la prunelle de nos yeux. « Privé » inspire l’intimité, la confidentialité.

Mais rappelons-nous l’époque plus lointaine, plus enfantine, où « privé » signifiait la privation. Le mot nous faisait froid dans le dos. Il voulait dire « défendu ». « Pas le droit de passer sous la barrière ». « Danger ». « Privé de dessert » ! « Chemin privé », c’était tout simplement le terrain dont on était exclu, privé.

Cohabitation

Il y a cette période un peu inconfortable et embarrassante où il nous faut côtoyer nos parents, alors que l’on est adulte, libre, responsable, alors qu’on a son petit caractère et que pour le dire clairement, on n’a plus l’âge de se laisser mener… tandis que eux, nos parents, ne sont pas encore assez amoindris et dépassés pour lâcher leur emprise, désagripper leur ascendant, s’en remettre à nous et nous faire confiance.

Alors, on s’observe, on se navre, on se déçoit silencieusement et réciproquement… et on attend.