« La sexualité n’était qu’un divertissement plaisant »

« Pour Esther comme pour toutes les jeunes filles de sa génération, la sexualité n’était qu’un divertissement plaisant, guidé par la séduction et l’érotisme, qui n’impliquait aucun engagement sentimental particulier ; sans doute l’amour n’avait-il jamais été, comme la pitié selon Nietzsche, qu’une fiction inventée par les faibles pour culpabiliser les forts, pour introduire des limites à leur liberté et leur férocité naturelles. Les femmes avaient été faibles, particulièrement au moment de leurs couches, elles avaient eu besoin de vivre sous la tutelle d’un protecteur puissant et à cet effet elles avaient inventé l’amour, mais à présent elles étaient devenues fortes, elles étaient indépendantes et libres et avaient renoncé à inspirer comme à éprouver un sentiment qui n’avait plus aucune justification concrète. Le projet millénaire masculin, parfaitement exprimé de nos jours par les films pornographiques, consistant à ôter à la sexualité toute connotation affective pour la ramener dans le champ du divertissement pur, avait enfin, dans cette génération, trouvé à s’accomplir. Ce que je ressentais, ces jeunes gens ne pouvaient ni le ressentir ni même exactement le comprendre, et s’ils l’avaient pu ils en auraient éprouvé une espèce de gêne, comme devant quelque chose de ridicule et d’un peu honteux, comme devant un stigmate de temps plus anciens. Ils avaient finalement réussi, après des décennies de conditionnement et d’efforts, à extirper de leur cœur un des plus vieux sentiments humains, et maintenant c’était fait, ce qui avait été détruit ne pourrait se reformer, ils avaient atteint leur objectif : à aucun moment de leur vie ils ne connaîtraient l’amour. Ils étaient libres. »

Michel Houellebecq dans La possibilité d’une île.

La plus grande insulte faite aux femmes

Il est une injure d’une violence inouïe faite aux femmes quotidiennement, dont nous ne les entendons pourtant jamais se plaindre : c’est l’obligation de se maquiller.

Ce consensus sourd qui induit qu’une femme doit se travestir, modifier ses traits naturels et les recouvrir avant d’oser les montrer, n’est-il pas d’une extrême violence ?

Imaginez-vous, messieurs, vivre dans une société où il est admis que vous deviez masquer votre visage ? Où il est entendu que vous n’êtes pas présentable sans cela ? Imaginez-vous devoir chaque matin vous farder avec des produits plus ou moins gras ou farineux ? Enfouir ou améliorer ce que vous êtes réellement ? Imaginez-vous une seconde être en votre for intérieur cette personne à gauche :

… mais devoir apparaître en permanence sous les traits de cette personne, à droite ? Que tout le monde vous connaisse en tant que cette personne maquillée et non que vous-même ?

Je ne pense pas qu’un homme accepterait cela. Il ne s’agit pas de vanter la « beauté naturelle » (pas celle de Patti Smith en tout cas !) car ma foi, il est possible qu’une femme soit plus belle maquillée. Mais il est troublant de voir que cette obligation de maquillage est tout à fait assimilée, que les intéressées n’en ressentent aucun étouffement, aucune oppression. Qu’elles n’y voient pas une atteinte fondamentale à leur liberté ou à leur simple existence.

Au lieu de cela, les femmes ont intégré cette contrainte et en sont les premières ambassadrices. Elles travaillent elles-mêmes à l’effacement de leurs traits. Quotidiennement. A leurs frais. Et tandis que d’autres, juste à côté, sont tout à fait acceptés tels qu’ils sont

Nous ne les entendons jamais s’élever contre le maquillage. De là à déduire que le travestissement est un gène féminin

Femme en harmonie

L’harmonie est une valeur féminine, du moins c’est pour la femme qu’elle prend un sens particulier.

Pour s’habiller par exemple :

  • l’homme identifie les combinaisons possibles entre ses chemises et ses cravates, et les mémorise une bonne fois pour toutes pour ne plus enfiler que celles qui marchent de façon automatique le reste de sa vie,
  • la femme, elle, a beau connaître par cœur le contenu sa garde-robe, a beau avoir déjà éprouvé les combinaisons de couleurs les plus efficaces des centaines de fois, elle ne se dispense pas de faire chaque matin trois, quatre, cinq essayages avant de trouver la tenue qui lui convient. Peu importe qu’elle soit en retard. Elle pestera tout en prenant le temps de faire ces essayages comme si elle découvrait chaque pièce et chaque vêtement pour la première fois.

C’est que la femme a besoin de ressentir l’harmonie. L’harmonie doit se faire non seulement entre le haut et le bas, non seulement entre les couleurs, mais encore avec la date du jour, l’humeur du jour, le temps qu’il fait… La femme a besoin d’être en harmonie avec l’environnement qu’elle a prévu d’affronter aujourd’hui.