Les goûts et les couleurs

Bien sûr, il y a les goûts et les couleurs. Bien sûr il existe des choses qui sont belles et qui nous sont inaccessibles ou nous laissent de marbre. Bien sûr il existe des choses belles auxquelles on est sensible par vécu mais qui sont moins intéressantes aux yeux d’un autre…

Mais il y a aussi des belles choses sur lesquelles il n’y a pas à discuter : elles sont belles, point barre. Et il y a des choses nulles, objectivement. Foin du relativisme : si j’aime telle oeuvre, ce n’est pas seulement mon « goût personnel », c’est qu’elle recèle quelque chose de véritable capable de rassembler tous les hommes dignes de ce nom.

En matière d’art et d’esthétique, on ne peut s’empêcher de croire qu’il existe un ordre immanent des choses, une vérité au-delà du goût de chacun. Des choses scientifiquement laides ou belles. Que le Beau existe et qu’il suffirait qu’on invente l’instrument adéquat pour le mesurer de façon infaillible.

Ainsi, lorsque le fossé est grand entre ma perception et celles des autres, je ne peux m’empêcher de croire que ces autres ne sont pas honnêtes. Quand tout le monde s’emballe pour un film, un livre, manifestement mauvais et que celui-ci caracole dans les ventes, je ne peux m’empêcher de croire que les gens se foutent de moi, qu’ils font exprès pour m’embêter.

Passe encore qu’il y en ait pour tomber dans le panneau et prendre Muse ou Gossip pour de grands groupes de rock. Mais qui peut raisonnablement croire que les gens ont vraiment aimé Bienvenue chez les Chtis ? Et qui peut sincèrement aimer Chagall ? Chagall est totalement dépourvu d’intérêt, à tous points de vue. Couleur, dessin, composition, sujets… C’est littéralement nul. C’est évident. Je ne peux pas croire qu’on aime Chagall. Celui qui me dit que Chagall est un grand peintre, je ne le crois tout simplement pas. Je ne crois pas à sa sincérité. Merde ! Je ne veux même pas en discuter.


Quand même. Non ?

Tout le monde est un peu comme ça : on a du mal à se dépêtrer de cette idée que quelque part il y a une vérité, une beauté, une « justice immanente ». Qu’il y a du beau et du moche devant l’éternel, des bons et des mauvais devant l’éternel. Qu’un jour les bons seront reconnus et les mauvais conspués. Car que vaudrait l’effet qu’une œuvre produit sur moi, si cet effet ne s’ancrait à aucune réalité objective ? S’il n’était que relatif, subjectif, s’il n’avait rien de fondé, s’il ne contenait pas un petit peu de vrai ?

Femme en harmonie

L’harmonie est une valeur féminine, du moins c’est pour la femme qu’elle prend un sens particulier.

Pour s’habiller par exemple :

  • l’homme identifie les combinaisons possibles entre ses chemises et ses cravates, et les mémorise une bonne fois pour toutes pour ne plus enfiler que celles qui marchent de façon automatique le reste de sa vie,
  • la femme, elle, a beau connaître par cœur le contenu sa garde-robe, a beau avoir déjà éprouvé les combinaisons de couleurs les plus efficaces des centaines de fois, elle ne se dispense pas de faire chaque matin trois, quatre, cinq essayages avant de trouver la tenue qui lui convient. Peu importe qu’elle soit en retard. Elle pestera tout en prenant le temps de faire ces essayages comme si elle découvrait chaque pièce et chaque vêtement pour la première fois.

C’est que la femme a besoin de ressentir l’harmonie. L’harmonie doit se faire non seulement entre le haut et le bas, non seulement entre les couleurs, mais encore avec la date du jour, l’humeur du jour, le temps qu’il fait… La femme a besoin d’être en harmonie avec l’environnement qu’elle a prévu d’affronter aujourd’hui.