Le soir est une période propice à l’inspiration, comme si notre esprit était plus vif, plus apte. Comme si certaines idées sortaient seulement à la nuit tombée.
Ces idées viennent nous rendre visite, à notre bureau, parfois même dans notre lit au moment qui précède le sommeil… On les débobine, elles se font plus précises et prometteuses à mesure que nous les étudions dans l’obscurité de la pièce…
Mais, il faut le reconnaître, les inspirations nocturnes ont le caractère de l’ivresse : elles ont l’aspect de ces fêtes, que l’on a passées enthousiaste, le verre à la main, circulant de personnes en personnes avec la sensation, sur le moment, de tenir des discussions pétillantes, des échanges brillants avec des gens qui étaient autant d’interlocuteurs peu ordinaires… Mais quand on y songe le lendemain, la densité de ces conversations n’est plus si évidente et il faut se rendre à l’évidence : peut-être aussi qu’on avait simplement un peu bu !
Il en va bien souvent de même pour les idées nocturnes : le lendemain, nous reprenons l’idée là où nous l’avions laissée et celle-ci a disparu ; ou plutôt elle a « refroidi ». Nous ne comprenons plus ce que nous avions pu lui trouver la veille. En fait d’idée, nous n’avons plus sous les yeux que son squelette, son aboutissement, un résidu sans pertinence… et c’est en vain que nous cherchons à retrouver le fil de réflexion qui nous y a conduit. Alors il n’y a plus qu’à se lever et se préparer pour une nouvelle journée inutile.