J’apprends que certaines grandes villes organisent à présent leur « zombie walk ». Il s’agit de grimer la population en macchabées et de les faire déambuler dans la rue.
« Tous ceux qui souhaitent vivre quelques heures dans la peau d’un zombie ou d’une victime sont les bienvenus ! » dit le prospectus municipal !
Façon moderne de conjurer l’angoisse de la mort ? Peut-être. En recherchant des photos sur internet, on constate que les déguisements sont poussés assez loin, qu’ils tiennent du réalisme de la chair et de la pourriture, plus que du symbolisme rituel.
J’ai tendance à rapprocher cela du phénomène qui pousse par exemple des marques de prêt-à-porter grand public à se faire l’étendard de la mort et de l’esthétique macabre. Il ne me semble pas anodin qu’une société entière soit à ce point fascinée par la décrépitude. Il ne me semble pas anodin que la télévision propose tous les soirs de la semaine, sans exception, au moins un programme fondé sur le meurtre, les affaires sordides, les tueurs en série, les morts-vivants, les poils et le sperme laissés dans un cadavre…
Une fois encore, tout est question d’échelle : des communautés occultes, des sorcières, des fans de séries noires, des aficionados du death metal… il y en a toujours eu. La nouveauté réside dans l’extension de ces passions à la foule.