Rien n’est plus triste que le spectacle suivant : un contrôleur de gestion ou un auditeur, le lundi matin dans le métro, qui cherche à différer la reprise imminente du travail en s’absorbant dans la lecture d’une BD de Largo Winch…
Largo Winch, XIII, leur dessin dépourvu de personnalité… trouvent leur équivalent cinématographique dans des choses comme StarWars ou Le Seigneur des Anneaux. Pour les personnes à faible imaginaire, ce sont là des fenêtres de fiction qui présentent l’avantage d’être facilement visibles en tête de gondole ou en tête d’affiche, et qui proposent une folie tout à fait convenable et balisée.
Imagerie standard, l’avenir de l’univers comme ressort du drame… Une pincée de violence et de sexe pour le cerveau reptilien, et vous obtenez là un véritable substitut de repas, facile à digérer et qui aide à mincir, pour les personnes trop occupées.
« Quatre à la fois… T’imagine le truc complètement dingue !«
Si l’on a l’habitude de décrire la fiction comme une passerelle d’évasion vers d’autres mondes, ce type de fantaisies me ferait plutôt penser à une opération de transvasement du cerveau d’une cage à une autre, le temps qu’on change sa litière.
Pour être totalement juste, il faut sans doute reconnaître à ces univers sécurisés le mérite de polariser l’attention des masses sur des productions qui, au moins, respectent les normes de conformité industrielle et environnementale, évitant de ce fait aux brebis de s’égarer vers des aliments moins inoffensifs, voire impropres à la consommation.