« Supporter toutes les anciennes ruminations »

« Le problème avec l’ouest du Nebraska, c’est qu’il n’existe d’habitude qu’un seul chemin pour se rendre quelque part. Tout autre itinéraire requerrait plusieurs heures de conduite supplémentaires. Moyennant quoi il faut supporter toutes les anciennes ruminations de vos précédents passages sur ces routes, comme si ces pensées antérieures étaient restées accrochées aux poteaux téléphoniques et aux lignes à haute tension – jusqu’aux fantasmes sexuels du passé le plus lointain qui vous guettent dans le fond des rivières et des ravins, aux croisements dans des hameaux désormais abandonnés dont le nom ne renvoie plus qu’à lui-même et au souvenir de ce que vous faisiez et pensiez lors de vos précédents voyages. »

Jim Harrison dans En marge.

« Les idées viennent rarement quand on est assis »

Schopenhauer dans Esthétique et métaphysique :

« Les idées bonnes et sérieuses ne se laissent pas à tout moment librement évoquer ; tout ce que nous pouvons faire est de leur tenir la voie libre, en écartant les ruminations futiles, les sornettes et les mauvaises plaisanteries. On n’a qu’à laisser libre entrée aux bonnes idées : elles viendront. Pour cette raison, il ne faut pas non plus prendre un livre aussitôt qu’on a un moment de loisir. Il convient au contraire d’accorder parfois un peu de tranquillité au cerveau : alors quelque chose de bon peut facilement surgir.

(…) Les pensées personnelles ne viennent guère qu’en marchant ou en se tenant debout, très rarement quand on est assis. Nos meilleures pensées entrent subitement dans la conscience comme une inspiration. Elles sont manifestement le résultat d’une longue méditation inconsciente. »