Attends mais Meuf !

Dans les années 90, seul Eddy Murphy pouvait appeler quelqu’un « Mec ! ». Ou alors le mot était plutôt utilisé pour parler d’un sale mec. Aujourd’hui les choses ont changé et il est de bon ton de donner du « Mec ! » à ses amis, voire à celui qu’on connaît peu mais à qui on veut jouer la sympathie.

hé mec eddy murphy

« Mec ! » a son équivalent féminin : le fameux « Meuf ! », qu’il est à la mode de se lancer entre copines cool. Entendu tout à l’heure pour la énième fois (« Attends mais Meuf ! »), déclamé sur cette intonation très caractéristique que l’on entend à toutes les terrasses de café désormais, accompagné de cette moue caractéristique elle aussi, il m’a soudain sauté aux oreilles car cette fois il sonnait faux. Le ton et le geste étaient empruntés.

A l’époque où l’on se racontait des blagues (Toto, un Belge et un Américain, etc.), j’étais déjà très fasciné de comprendre comment une même blague pouvait se répéter, voyager, se retrouver d’une cour d’école à une autre aux quatre coins de la France… Pareillement, je suis fasciné par la façon dont ces tics de langage à la mode se dupliquent, se transmettent et se généralisent, s’incrustent et s’emparent d’un cerveau libre pour remplacer la langue spontanée.

Quel mécanisme a obligé cette fille, pour qui l’expression n’était pas naturelle, à l’employer malgré tout ? Le monde est plein de mystère.