La comédie enseignante

C’est une simple observation, mais d’après mon expérience, les gens qui étaient atteints le plus gravement de narcissisme ont toujours été ceux qui ont fini par se destiner à l’enseignement ! Ou au moins à en ébaucher le projet.

Gens pas comme les autres, qui n’entrent pas dans les cases, « créatifs » mais sans œuvre. Gens qui poursuivent une chose sans vraiment savoir quoi. La voie normale n’est soi-disant pas faite pour eux. Gens qui parlent beaucoup d’eux-mêmes, mais paradoxalement sans jamais vraiment parler d’eux. Jamais avec vérité et simplicité. Affabulateurs, comédiens d’eux-mêmes, peu de questions mais beaucoup de questionnements, et puis hop ! Finalement : prof !

Pour ceux-là en effet, quelle meilleure scène qu’une estrade pour produire leur personnage au quotidien ? Le public est tout trouvé. Et l’érudition sera leur comédie.

« Ceux à qui il arrive des choses inexprimables »

Robert Musil dans L’homme sans qualités :

« La plupart des hommes dont l’esprit est surexcité mais incapable de se libérer dans la création éprouvent le désir de se donner en spectacle. Ce sont les mêmes à qui il arrive si facilement des choses « inexprimables » : ce mot est leur favori, la brumeuse substructure sur laquelle ce qu’ils disent apparaît vaguement grossi, de sorte qu’ils n’en peuvent jamais apprécier la valeur exacte. »