Ne pas montrer sa préférence

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La laïcité, c’est une société qui ne présage pas de l’existence ou de la non-existence de Dieu, et qui instaure un terrain neutre où l’individu seul a la prérogative du religieux. A lui de décider.

Cette même logique semble à présent vouloir régir non plus le domaine religieux, mais celui de la vie même. Il faudrait que la société n’entretienne pas d’a priori plus favorable envers la vie qu’envers la mort ; elle devrait observer une neutralité et laisser l’individu juger seul. C’est ce qui transparaît du débat actuel sur la fin de vie, ou même celui sur la suppression du délai de réflexion obligatoire pour l’avortement.

D’un côté on ferait savoir au mourant que rien ni personne ne le retient s’il lui prend l’envie d’en finir. De l’autre, il ne faudrait surtout pas ralentir la décision d’une personne qui a choisi d’interrompre sa grossesse… Je comprends, en surface, ce qui motive cette vision des choses : l’attachement absolu au libre arbitre. Mais en dernière analyse, il m’est difficile de ne pas voir, sous le couvert du libre choix, un empressement morbide, le symptôme d’une société terriblement fatiguée, attirée par le néant.

Ce qu’un individu a le droit de penser (par exemple que la vie ne vaut pas ou ne vaut plus la peine d’être vécue), une société ne peut pas forcément se le permettre. Il me semble heureux que mon médecin ou mon système de santé ait un penchant a priori pour la vie et la santé, voire qu’il s’en fasse le prosélyte. Il me semble a contrario problématique ou inquiétant qu’une société se refuse à être catégoriquement affirmative envers la valeur positive de l’existence.

Ce que ces histoires peuvent avoir d’effrayant enfin, c’est qu’il ne se trouve bientôt plus personne pour comprendre que tout n’a pas sa solution dans la loi et qu’il puisse exister des domaines où l’Etat cesse de jouer un rôle. L’homme a une existence antérieure à l’Etat, une liberté en dehors de la société. La mort, le suicide, devraient paraître une frontière suffisamment évidente derrière laquelle tout s’arrête et laisse l’homme avancer seul, sans plus personne.

Injonctions publicitaires


Sprite – « N’écoute que toi ! »

Parfois,  sur sa lancée, la publicité se laisse emporter par son euphorie. Parfois, telle une femme qui aurait bu une coupe de trop, la publicité se trahit, lâche malencontreusement un message qu’elle gardait tu.

Vous allez l’aimer oui ? l’avenir que je vous réserve ! De gré ou de force !

Au détour d’une expression, à l’intersection de mots équivoques, jaillit un message crypté. Soudain le signifié revêt malgré lui une dimension supplémentaire, toute autre, le slogan devient porteur d’un projet qui, à y réfléchir, fait froid dans le dos.


« Votez pour votre gueule ! » – négation de l’idée même
de politique, d’intérêt général…

Soudain, le décorum et la sympathie publicitaires s’effondrent et laissent place à l’effroi publicitaire : un message tout cru qui vous extrait de votre sommeil. Au moment où vous étiez prêt à mordre dans la poire pourrie, vous vous dites soudain « wow… ce n’est pas ce que je veux ».

Diesel – « Be stupid ! » :

Face à l’injonction d’une publicité dont on est victime (« Changez vos habitudes », « Et si on était plus malins ? »…), il est bon pour la santé de rétorquer un « Non ! » franc et massif, ou un « J’fais c’que j’veux » de bon aloi. Dans sa tête, bien sûr.