Société d’information : la réalité sous-titrée

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Vous vous levez un matin, et tandis qu’au lavabo vous vous aspergez d’eau le visage, une voix à la radio vous demande de ne pas manger trop gras, trop sucré ou trop salé. Vous êtes dans le futur et dans la société d’information.

Dans le futur, la réalité est explicitée et toute chose vient accompagnée de son enrobage d’information. Objets, lieux, personnes… Tout est délivré avec le commentaire adéquat.

Les produits font évidemment figurer leur notice d’utilisation, mais aussi des histoires, des anecdotes, les légendes qui leur sont liées… Chaque produit indique son origine, l’histoire de son invention, comment il doit être utilisé et comment il ne doit surtout pas être utilisé, ce qu’il fait de bien ou de mal… Chaque produit peut proposer des jeux ou des films qui le mettent en scène…

Avec la réalité virtuelle, dans le futur, il n’y a plus de limite à la quantité d’information qu’on peut associer aux choses. On explique tout sur des pancartes, des étiquettes, ou virtuellement par de petites légendes électroniques de réalité augmentée, ou encore par des commentaires sonores.

Dans le futur, vous vous promenez et les endroits que vous traversez mentionnent les histoires et les informations qui leur sont attachées. Telle ruelle vous informe qu’un architecte de renom a conçu le lieu. Ou qu’un éminent personnage y est passé. Ou que c’est là qu’ont eu lieu tels et tels moments de l’Histoire. On vous indique que cette ruelle apparaît dans tels et tels films, et vous pouvez immédiatement visionner l’extrait vidéo.

Dans le futur, les actions et tout ce qui se passe est auto-explicite. Tout a sa fiche ou son discours de présentation. Sur un chantier en cours, dans une agence ou un magasin, des panneaux vous expliquent dans un langage simple et limpide ce qu’il se passe ici, ce qu’on y fait, « qui fait quoi »…Vous pouvez lire le prénom du sémillant jeune homme qui reçoit au guichet, consulter son parcours, en savoir plus sur ses centres d’intérêts… A propos de presque toute chose, vous pouvez « lire la suite »…

Partout de la pédagogie, de l’explication, de l’information. Dans le futur le monde est une sorte de grande Géode, un Parc de la Villette pour les adultes et les enfants, un « musée » merveilleux pour qui a la curiosité de s’intéresser… Dans le futur, la réalité vaut autant que son commentaire. La vie n’est plus que l’ombre de ses histoires et la légende d’elle-même, mais au moins nous sommes conscients et avertis.

Réalité partielle (ou virtuelle, ou augmentée)

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Dans le futur, les gens évoluent dans un environnement qui mixe réalité et éléments virtuels : la technologie leur permet d’appliquer une couche d’information virtuelle à leur champ de vision.

Finis les casques à visière qui superposaient messages et images virtuelles à la réalité. La plupart des gens se font désormais implanter des lentilles à cristaux liquides qui leur restituent une vision véritablement intégrée.

Tout comme les oreillettes à musique permettent aux passagers d’une même rame de métro de vivre, bien qu’assis côte à côte, chacun dans son univers sonore, la réalité partielle permet aux gens d’une même rue, d’une même ville, de coexister côte à côte tout en vivant dans des univers visuels et sensoriels séparés.

Ainsi, ce qu’aperçoit un quidam lorsqu’il marche dans la rue est une composition intégrée de rue réelle et de calques virtuels personnels :

  • devantures et enseignes de magasins virtuellement améliorées (animations, hôtesses manga),
  • affiches publicitaires personnalisées (« dans cette boutique, vos caleçons boxer habituels à – 15 % ! »),
  • fenêtres web perso (GPS GoogleMaps, statuts Facebook de ses amis, RSS Yahoo!Actu…).

Y compris dans ce qu’il perçoit de réel, le quidam peut virtualiser certains éléments, comme par exemple :

  • programmer un ciel orageux ou de la neige,
  • baliser son trajet avec des flèches directionnelles clignotantes,
  • faire s’illuminer le McDo le plus proche,
  • paramétrer des alertes (« dans cet immeuble habitent 2 de vos amis »),
  • afficher la fiche détaillée de la jolie blonde qu’on vient de croiser…

Les passants, d’ailleurs, apparaissent pour la plupart non pas sous leur forme réelle mais sous l’image de l’avatar plus ou moins ridicule qu’ils ont paramétré. On ne s’étonne plus de croiser un homme à tête de Tex Avery ou une Lara Croft au coin de la rue.

 

La démocratisation de la réalité partielle et l’implantation des lentilles-écran ont été fortement encouragées par l’Etat, les organisations internationales occidentales, et tous les partis du progrès. Malgré ces efforts, il reste une population de « non-branchés », pour qui la réalité n’est pas rose ! Car, ayant conservé une vision normale, ce qu’ils aperçoivent dans la rue, ce sont de drôles de gens – les connectés – qui parlent à voix haute parce qu’ils sont en train de communiquer, ou qui errent étrangement sur les trottoirs parce qu’ils sont en train de lire un article de Libé.fr en marchant, ou encore qui ont un air un peu grotesque parce qu’ils sont encore équipés d’anciennes visières numériques… Sans oublier les wii-lib qui roulent ou marchent sur les trottoirs et dans les magasins. Quant à la ville, l’architecture est devenue minimaliste, composée de grands pans rectangulaires de béton, devenus sales mais qui n’ont pas besoin d’être nettoyés puisqu’ils servent simplement à projeter une réalité virtuelle de meilleure qualité pour les connectés.

Dans le futur, la réalité partielle (ou réalité virtuelle, ou réalité augmentée) est bien pratique. On ne peut plus s’en passer.