A une époque, portés par des expressions-cultes signées Audiard ou Coluche, on parlait des « cons ». Par exemple : « les cons, c’est à ça qu’on les reconnaît », etc. Et puis c’est passé de mode et on a fini par reconnaître un con à ce qu’il sorte une généralité sur « les cons »…
Il en va un peu de même avec le concept de « bobo ». Devenu galvaudé, il est récupéré par les bobos eux-mêmes, qui s’amusent à en repérer à chaque coin de rue. Si bien que, comme « le con » à son époque, on ne sait plus aujourd’hui qui est bobo et qui ne l’est pas. On sait seulement que c’est toujours un bobo ou un con qui s’amuse à le dénicher ! Et le concept est sur le point de passer de mode.
Pourtant le profil « bobo », bourgeois bohème, demeure pertinent et encore palpable dans la société, me semble-t-il. Le bobo, c’est celui qui met son épanouissement et son bonheur au premier plan, sans plus de notion de devoir ou de dette. Le bobo est la version « moyennisée » du bourgeois décadent : celui sous le règne de qui s’est déprécié le goût des affaires bien tenues qu’avait Papa, au seul profit de l’oisiveté que le statut conférait. Le bobo est l’avènement d’un type humain, annoncé d’assez longue date faut-il dire. On en trouve des prémices chez Nietzsche. Il est peut-être bien aussi « l’homme sans qualités » de Musil. Il se prénomme « homme-masse » chez Ortega y Gasset ou encore « homo festivus » chez Muray.
N’enterrons pas le bobo.