Satiété

Lorsque l’on mange au restaurant, on se sent rassasié quel que soit la quantité engloutie, bien plus que lorsqu’on prend un repas chez soi. Et au cinéma, un film ne nous paraît jamais complètement mauvais, jamais autant du moins que lorsqu’on le revoit diffusé à la télévision.

Pourquoi ? Parce qu’on a payé.

Avec certaines personnes, cela marche avec toutes les choses de la vie : parce qu’elles les ont faites, parce qu’elles les ont choisies, ces choses leur apparaissent nécessairement satisfaisantes. Elles ne vous diront jamais, par exemple, que des vacances ou quoi que ce soit s’est mal passé. Elles ne vous le diront pas, et elles ne le ressentiront peut-être même pas. C’est comme si ces personnes avaient un petit chef dans leur tête qui les obligeait à être contentes de ce qu’elles ont. Comme si ces personnes, devaient, à leurs propres yeux, être infaillibles, même pour la chose la plus futile, et elles plongeraient dans un état de dépression s’il en allait autrement, si quelque chose, dans leur vie, venait à clocher.

Ailleurs ne change rien

Existent-ils vraiment, ces autres endroits, ces autres époques, qui soi-disant nous conviendraient mieux ?

En regardant autour, il y a évidemment des lieux ou des époques qui vus d’ici semblent plus propices à notre caractère, à notre bonheur, à ce qui nous plaît et nous intéresse… Mais si nous avions effectivement vécu à ces époques : aurions-nous vraiment vécu à notre aise ? Aurions-nous été quelqu’un de réjoui, d’exalté ? Aurions-nous vécu insouciant, occupé seulement à profiter de la vie ? Ou bien aurions-nous été le même râleur insatisfait qui peste contre son temps et ses semblables ?

Le piège, ce serait de traverser cette vie en se contentant de la satisfaction de moquer ses petits travers, de relever ses apects ridicules et absurdes. Petit observateur, petit cynique, petit redresseur de torts, il te faut trouver une façon de vivre positive. Ici et maintenant. Quelque chose de solide qui te ravisse et qui persiste plus d’une heure. Plus d’un voyage. Plus d’un livre. Plus d’une rencontre.