« L’homme à l’esprit clair est celui qui regarde la vie en face, et se rend compte que tout en elle est problématique, et se sent perdu. Vivre, c’est se sentir perdu (…) et celui qui l’accepte a déjà commencé à se retrouver, à aborder sur un terrain ferme. Instinctivement, de même que le naufragé, il cherchera quelque chose où s’accrocher, et ce regard tragique, absolument véridique, car il s’agit de se sauver, lui fera ordonner le chaos de sa vie. (…) Celui qui ne se sent pas vraiment perdu se perd inexorablement ; c’est-à-dire ne se trouve jamais, ne touche jamais de ses doigts la réalité propre. »
José Ortega y Gasset dans La révolte des masses.
Je ne sais pas si avoir l’esprit clair c’est regarder la vie en face mais j’adhère complètement à ‘vivre, c’est se sentir perdu’ …
Perdu dans le monde de la relativité, des paradoxes, du doute infini…
Ensuite se sentir perdu c’est peut-être chercher inlassablement du sens là où il n’ y en pas forcément et tenter de sublimer cette vaine quête par la création et la transmission .
Se perdre est souvent un acte volontaire de ne pas se trouver trop tôt, de ne pas se rejoindre trop vite. Une façon d’opposer l’égarement à l’autoroute ?
Sinon, j’aime bien Ortega dy Gasset dont j’avais emprunté un volume à la bibliothèque « Le spectateur ». Saine lecture que les grands intellectuels espagnols. Vous devriez peut-être essayer Unamuno…
http://fr.wikipedia.org/wiki/Miguel_de_Unamuno
Merci pour la suggestion. De Ortega y Gasset, j’ai donc lu « La révolte des masses », que j’avais chroniqué ici : https://unoeil.wordpress.com/2012/05/01/la-revolte-des-masses/ et depuis, un essai sur la littérature : « La déshumanisation de l’art », dont j’ai moins de souvenirs…