Images débiles et indélébiles

pinocchio mensonge

Les bêtises que nous racontent les adultes lorsque nous sommes enfants s’inscrivent parfois comme une image dans notre tête et y restent pour la vie.

Mon grand-père me racontait avec grand sérieux qu’en période de guerre, pour déloger un ennemi qui se tenait en haut d’un escalier en colimaçon, les soldats utilisaient un fusil en tire-bouchon. Il n’était pas le genre de grand-père à être contredit, et l’idée ne nous paraissait de toute façon pas dépourvue de bon sens. Il s’en allait ensuite à ses occupations sous nos regards circonspects. Je visualise ce fusil ainsi que cette scène de guerre comme si je les avais vus de mes propres yeux.

Dans le même registre, à une autre époque, mon père revenait de la messe avec « le gâteau des lépreux ». Il l’achetait à l’occasion d’une kermesse annuelle dont les recettes étaient reversées à une association d’aide aux lépreux du bout du monde. Evidemment, ces gâteaux – quatre quarts, gâteaux au yaourt et autres étouffe-chrétiens – étaient en réalité confectionnés par les dames de la paroisse, mais parce que mon père s’amusait à les appeler « gâteaux des lépreux », on imaginait les moignons infectés qui les avaient pétris, enfournés et envoyés chez nous… Je les mangeais tout de même par charité, mais je leur ai toujours trouvé un goût.

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