« Une espèce d’état de possession collective »

La discussion basée sur des arguments de raison ne demeure possible (…) que tant que le potentiel émotionnel inhérent à la situation n’a pas dépassé un certain seuil critique. Au-delà, (…) la raison fait place à une espèce d’état de possession collective qui se propage à la manière d’une épidémie psychique. Quand les choses en sont là, surgissent ces éléments troubles de la population qui, en tant qu’éléments asociaux, menaient une existence tout juste tolérée tant que régnaient les normes de l’ordre établi. Ne pensons pas que de tels individus ne constituent que de rares curiosités que l’on ne rencontre que dans les prisons ou les asiles. (…) Pour tout malade mental manifeste, il existe au moins dix cas de folie latente ; si cette dernière n’explose pas fréquemment, il n’en demeure pas moins que les conceptions, les comportements et le rayonnement social de ces êtres se trouve sous l’emprise d’influences inconscientes, maladives et perverses bien qu’ils présentent toutes les apparences du normal. (…) Leur état d’esprit correspond à celui d’un groupe ou d’une masse en état d’excitation collective, en proie à des préjugés affectifs et à des phantasmes qui les portent alors à prendre leurs désirs pour des réalités. Au sein d’une telle masse, les éléments asociaux sont les adaptés. (…) Leurs idées chimériques, sous-tendues par des ressentiments fanatiques, en appellent à la déraison collective.

Carl Gustav Jung dans Présent et avenir.

Une réflexion sur “« Une espèce d’état de possession collective »”

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