Picasso était communiste.
Céline était antisémite.
Et ce rockeur britannique qui bouleverse vos oreilles a toutes les chances d’être un parfait abruti ivre de bière et pas autrement cultivé que par les émissions de télé qu’il regarde à l’hôtel, l’après-midi, pendant ses tournées.
Ces tares mentales n’empêchent pas tous ces gens d’atteindre, chacun dans leur domaine, une sensibilité et une intelligence hors du commun. Comme si les idées, chez l’artiste touché par la grâce, n’avaient pas la moindre espèce d’importance.
On peut associer à cette pensée ce que dit la peintre Suzanne Valadon : « je ne crois pas aux théories de l’art. Chacun peint comme il peut, c’est-à-dire que chacun peint comme il voit ». C’est vrai ça. Si Chagall a peint des chèvres avec un trait tremblotant et des couleurs baveuses, ce n’est pas forcément un « style ». Peut-être qu’il ne pouvait ni ne savait simplement pas faire autrement.
« Chacun peint comme il peut » ça c’est sûr, valadon la première, dessin faible, mauvaise colloriste et j’en passe, mais y’aura tjrs un imbécile pour dire: « ah cette toile de violoncelliste de valladon, un mirââcle, on entend la musique! » ben voyons.
Et non, chacun ne peint pas comme il voit, aussi bien avant qu’après valadon.
Libre à votre appréciation. « Chacun peint comme il peut » vise à dire qu’on peut élaborer tous les principes théoriques intellectuels qu’on veut (cf. les « mouvements » successifs du XXème siècle en « -isme »), on peint avant tout à la hauteur de sa technique et de sa capacité. On sait que certains « maîtres » ont développé une doctrine tout en maîtrisant la technique classique. D’autres ont sûrement dissimulé leur manque de maîtrise derrière une théorie artistique foireuse. Warhol a-t-il voulu « dénoncer la société de consommation » ? Ou ne savait-il simplement rien faire d’autre que de barbouiller des sérigraphies en rose fluo ?