Un escroc

tapie escroc

L’escroc ne se résume pas au simili homme d’affaires qui roule en cabriolet et tente de faire fortune sur la Côte d’Azur par tous les moyens. L’intérêt passionné de l’escroc est moins l’argent que le plaisir de détourner à son usage une chose quelle qu’elle soit ; faire dériver une ressource vers un usage qui n’était pas celui prévu. C’est un type psychologique plus large, et souvent plus courant que ce qu’on croit.

Un escroc, simplement, est une personne qui s’interpose entre vous et la ressource dont vous avez besoin et dont l’art consiste à vous faire ressentir que, pour toute gorgée de cette ressource, il vous faut passer par lui.

Une société de distribution d’eau peut fonctionner sur le schéma de l’escroc : pour quelques menus travaux effectués sur un réseau de distribution public, elle fait payer l’eau pendant des décennies en disant ensuite que c’est elle qui la créé, la rend propre, saine, abondante… Vous n’avez alors pas d’autre choix qu’elle pour obtenir de l’eau.

Mais il peut aussi y avoir des escrocs de la connaissance par exemple : ils se font les experts d’un sujet, de façon à faire écran entre ce sujet et la personne de leur choix. Ils en tirent de l’argent ou simplement du prestige ou de la reconnaissance. D’autres détournent du talent ou de la personnalité. Ils ont le don de se faire valoir à la place d’un autre : si quelqu’un parle de son projet, l’escroc se débrouille pour « intercéder en sa faveur », il joue son agent auprès de l’audience et fait rapidement comprendre que c’est par lui qu’il faut passer pour avoir accès à la personne ou au savoir.

Ainsi, l’escroc s’avance souvent comme votre gardien, votre protecteur, quelqu’un de généreux qui consent à faire déborder à votre profit son talent à obtenir les choses. Si ce talent prend la forme de petits larcins quotidiens, l’escroc n’essaiera pas de le cacher : il préfère vous y accoutumer si ce n’est vous y initier. Il ne veut pas être méprisé pour ses mauvais côtés alors il se débrouille pour qu’au contraire, vous l’aimiez pour ça. Il fait passer ses chapardages pour quelque chose de sympathique et déguise sa faute en talent honorable : ce n’est pas lui qui est méchant, c’est le monde qui est comme ça ; il a toujours de bonnes raisons de pirater : c’est la faute aux grandes majors, ou bien c’est à cause de la loi qui ferait mieux d’être autrement. Etc.

L’escroc estime qu’il a naturellement droit à certaines choses, souvent parce qu’il a connu une enfance difficile et que le monde doit maintenant le rembourser. Son culot, son sans-gêne, peuvent apparaître comme une qualité : finalement, tout le monde ne rêve que de faire comme lui, mais il est le seul à oser. Son vol ou sa cruauté sont assimilables à du courage ou à une certaine liberté dans la façon de voir le monde.

L’escroc a une habileté innée à repérer immédiatement l’ensemble des ressources à disposition, pour les exploiter à leur maximum. Lorsqu’il arrive dans un nouveau contexte, l’audit mental qu’il effectue de la situation est instinctif et quasi instantané. Il a souvent une assez bonne connaissance des lois. Sa moralité est à géométrie variable : il passe son temps à chaparder, mais serait horrifié d’apprendre qu’on lui a soutiré un euro.

L’escroc a une dépendance à l’escroquerie. S’il a le choix, à effort égal, entre le procédé honnête et malhonnête pour obtenir quelque chose, il préférera toujours la seconde option.

Quelques caractéristiques supplémentaires de l’escroc sur ce site >>

3 réflexions au sujet de “Un escroc”

  1. Bonjour, un merci à vous, pour tous ces textes prenants.
    J’ai lu aussi « les types psychologiques » que vous avez mis en lien… un scandale qu’il n’ait reçu aucun commentaire.
    Bien le bonjour chez vous.

    1. Un véritable scandale, oui ! 🙂
      Si le sujet vous intéresse, je vous conseille le livre « Comment gérer les personnalités difficiles » qui est un « bestiaire » des grands types de comportements, et peut-être aussi le blog du Psychothérapeute (en lien en bas dans ma blogroll).

      1. Bonjour, oui cela m’intéresse, je vais fouiller les références que vous me proposez.
        A un de ces jours.

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