Doubleplusbon

Vu en tête de gondole d’une librairie une collection de petits « livres de cuisine » proposant des recettes à base de produits industriels célèbres : Coca-Cola, bonbons Haribo, crème de marrons Faugier, Carambar…

recettes nutella carambar

Aujourd’hui, il est en effet possible de faire croire à des gens que ces recettes peuvent être appétissantes, et que des sucreries industrielles peuvent être des ingrédients de cuisine honorables. Il y a, pour gober cela, le désormais célèbre public « adulescent » : cette catégorie de personnes qui, à 30 ans passés, n’ont jamais cessé de prendre un goûter, de manger des céréales dans lesquelles un jouet est offert, et dans la vie de qui le Nutella™ ou les Chamallows™ continuent à jouer un rôle important.

L’engouement pour ce type de cuisine (si engouement il y a) repose sur une équation simple : « si A est bon et si B est bon, alors A+B est très bon ». Et ça ne se limite pas au goût : au-delà des « glaces aux Smarties’ » et des « brownies aux M&M’s », il y a une tendance à proposer, dans la culture populaire, des agrégats de saveurs, censés faire saliver comme si cela en démultipliait le goût. On croit ou fait semblant de croire que l’addition de deux choses bonnes donne quelque chose de deux fois plus bon.

C’est ainsi que pour faire un film nouveau et original « encore meilleur », on se permet d’empiler grossièrement deux genres l’un sur l’autre, ou encore de surajouter les héros et les acteurs comme des ingrédients, sans aucune crainte de l’indigestion ou de la faute de goût.

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Cette façon de penser et d’avoir son compte relève d’une logique boulimique, gloutonne et assez américaine. Elle procède d’une inversion complète entre qualité et quantité. Singeant la créativité et l’invention, elle ne fait en réalité qu’empiler et accumuler les matières. Et alors qu’elle devrait apparaître instinctivement fausse et repoussante à un Européen, elle trouve tout de même son terreau chez nous par la grâce de l’américanisation des esprits. Cela passera peut-être, comme une mode, ou cela s’installera au contraire durablement dans notre façon de goûter et d’apprécier les choses.

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